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''Pour achever de convaincre Fernand, nous allons jusqu'à la piscine, puis nous revenons. Le point bas que nous venons de franchir est identifié maintenant : c’est le couloir de glaise qui l’an dernier était plein d’eau. Une grosse pluie les jours précédents et le passage aurait été impossible ; un siphon nous aurait arrêté à quelques mètres du but. Avec nos camarades échelonnés le long des puits, il n’est pas possible de traverser vers le Guiers Mort. Nous devons remonter vers le Glaz 270 mètres de dénivellation. Il n’est pas encore 20 heures, l’horaire est à peu près respecté. Nous grimpons les vingt premiers mètres ; tout là-haut, perché sur sa corniche, Dubost chante à tue-tête pour passer le temps, nous lui crions notre victoire ; il hisse les échelles, refait l’amarrage et nous montons lentement ce second ressaut de 35 mètres.''
''Mon pied me fait souffrir sérieusement, ce qui m’inquiète pour la suite. Le Puits du Piège avec sa cascade nous arrose copieusement l’un après l’autre. Et voici le dernier puits avant les méandres. Dubost l’escalade en tête en chahutant un peu l’échelle. Il termine plus calmement, hisse un sac de matériel, puis je le rejoins. Pendant ce temps, Fernand a amarré au bout de l’échelle le matériel restant à remonter ; nous n’aurons plus qu’à hisser le tout lorsqu’il lorsqu'il sera en haut.Fatigué, je me tasse dans la fissure pendant que Dubost assure Fernand avec la cordelette. Pas un instant je ne pense à vérifier le piton qui a tenu le coup jusqu’icijusqu'ici. Brutalement, au moment où Fernand arrive sous Dubost, c’est l’accident. Dans un sifflement, tout est parti : le piton a lâché, l’échelle a disparu, Fernand est tombé ! Un choc sourd, puis plus rien.Dubost se retourne vers moi, me montre le bout de corde qu’il tient et sa main brulée par le frottement.''
''-La corde a cassé , dit-ilIl est parvenu à freiner la plus grande partie de la chute, mais la rupture s’est produite avant la fin.Quelques minutes horribles ; un désespoir affreux m’étreint ; mon copain, mon vieux Fernand. Que faire ? Comment le ramener ? Aucune réponse à nos appels. Puis, longtemps après, quelques gémissements nous prouvent qu’il est en vie. Le temps passe, impossible à évaluer. Il répond enfin à nos questions : pas de fracture, lui semble-t-il. Cependant, à intervalles réguliers, il nous pose la même question, lancinante : « Qu’est-ce qui est arrivé ? » et ne répond qu’un « Ha » incompréhensif à nos explications.La situation est sombre ; nous n’avons ici qu’un bout d’échelle qui à bras tendu, peut arriver jusqu’à Fernand ; il faut absolument qu’il reprenne assez conscience pour accrocher à cette échelle, à l’aide des anneaux brisés qui la termine, un élément de matériel restant : les échelles tombées avec lui, le sac qui contient les pitons, n’importe quoi puisque tout est attaché ensemble. Longuement, nous répétons nos explications ; il finit par comprendre ce que nous voulons mais assommé et sans lumière, il lui faut un temps considérable avant de réussir la manœuvre : trouver le bout de l’échelle qui pend et y amarrer quelque chose. Peu à peu, le matériel monte. Je pars loin en arrière planter deux pitons pour fixer les échelles puis je descends.''
Premier coup d’œil ''Il est parvenu à freiner la tête : pas plus grande partie de fracturela chute, mais la face est touchéerupture s’est produite avant la fin. Quelques minutes horribles ; un désespoir affreux m’étreint ; mon copain, mon vieux Fernand. Que faire ? Comment le nez a dû porter en pleinramener ? Aucune réponse à nos appels. Un genou est très douloureuxPuis, le reste fonctionne mallongtemps après, mais fonctionnequelques gémissements nous prouvent qu’il est en vie. Sa frontale a été écraséeLe temps passe, le boitier en tôle pourtant très épaisse, s’est aplati contre sa poitrine ; j’arrive difficilement impossible à la faire marcher faiblementévaluer. Fernand se met debout Il répond enfin à grand peine.Pourras-tu remonter ?Je crois que oui !À défaut nos questions : pas de cordefracture, je l’attache avec une échelle qui nous servira à l’aider dans son ascension, puis je remontelui semble-t-il.Courage vieuxCependant, vas-yPetzl debout s’approche de l’échelle et monteà intervalles réguliers, il nous pouvons le tirer barreau par barreau et le voici.Mais comment allonspose la même question, lancinante : « Qu’est-nous franchir les méandres ! Tandis qu’il se repose, nous roulons une fois encore les 72 mètres d’échelles, dans l’obscurité totale, car nous devons économiser l’éclairage ce qui commence est arrivé ? » et ne répond qu’un « Ha » incompréhensif à s’épuiser. Il est minuit lorsque nous avons terminé, environ trois heures après l’accidentnos explications.''
Nos charges de l’aller ont été tassées pour ne plus faire que trois ''La situation est sombre ; Dubost part en tête avec deux gros sacs. Je passe en derniernous n’avons ici qu’un bout d’échelle qui à bras tendu, accompagnant peut arriver jusqu'à Fernand et portant le troisième sac. Et le calvaire ; il faut absolument qu’il reprenne assez conscience pour accrocher à cette échelle, à l’aide des deux cent mètres de méandre commence. Il durera trois heures pour Dubostanneaux brisés qui la termine, cinq pour nous. Chaque mètre gagné représente pour Fernand un effort considérable élément de volonté pour lutter contre la douleur, la fatiguematériel restant : les échelles tombées avec lui, le sommeil ; chaque ressaut même minuscule exige que je lui fasse une courte échelle en position de ramonage. ; Tous sac qui contient les 2 ou 3 mètrespitons, une longue pause n’importe quoi puisque tout est indispensable ! D’un bout à l’autreattaché ensemble. Longuement, nous entendons Dubost racler contre les parois à distance croissante de répétons nos explications ; il finit par comprendre ce que nousvoulons mais assommé et sans lumière, puis nous l’entendons communiquer avec l’équipe il lui faut un temps considérable avant de réussir la manœuvre : trouver le bout de relais, mais nous avançons avec une lenteur désespérante ; l’unique frontale électrique que nous avons pour deux donne à peine une lueur rougeâtre l’échelle qui éclaire pend et y amarrer quelque chose. Peu à moins d’un mètrepeu, le matériel monte. Lorsque nous approchons du puits du pendule, Dubost arrive au-devant de nous avec une bougie, et nous devons fermer Je pars loin en arrière planter deux pitons pour fixer les yeux un instant pour nous réhabituer à cette clarté qui nous fait l’effet d’un phare éblouissantéchelles puis je descends.''
Tandis que Fernand s’allonge et se repose''Premier coup d’œil à la tête : pas de fracture, Dubost me raconte son retour et nous échangeons quelques mots avec Babatte et François. Comme convenumais la face est touchée, ils sont revenus le nez a dû porter en haut du puits peu après 22 heuresplein. Pour combler leur attente ils ont chanté tout leur répertoireUn genou est très douloureux, depuis les cantiques jusqu’aux chansons d’étudiants en passant par les grands airs d’opérale reste fonctionne mal, mais fonctionne. Les heures ont passéSa frontale a été écrasée, leur inquiétude augmentait à mesure. François émettait même l’hypothèse optimiste que nous avions pu faire le tour par le Guiers Mort lorsque vers 2 heures du matinboitier en tôle pourtant très épaisse, les premiers raclements leur sont parvenus s’est aplati contre sa poitrine ; une heure après seulement Dubost arrivait enfin au fond du puits et les mettait brièvement au courantj’arrive difficilement à la faire marcher faiblement. : « La liaison est faite mais Fernand a eu un accident, il peut marcher mais n’avance que très lentement »se met debout à grand peine.''
Dubost remonte le puits à bonne allure ; je le suis sans trop peiner. Nous sommes maintenant assez nombreux pour pouvoir aider efficacement Fernand et lui relançons la corde d’assurance. Elle ne parvient pas en bas ; à plusieurs reprises nous recommençons ; Petzl ne voit toujours rien venir ; nous commençons à nous inquiéter, persuadés qu’il dort à moitié et ne cherche pas bien alors qu’en réalité, la corde s’accrochait dans l’échelle.Enfin le voici prêt à monter et nous à le tirer, barreau par barreau, en accompagnant de notre mieux chacun de ses mouvements ; mais cette effroyable ascension durera quand même une demi''-heure. Pendant que mes amis roulent les échelles, je repars avec Fernand pour les cinquante derniers mètres de méandres. Beaucoup plus étroits que ceux d’en bas, ils vont nous demander encore deux heures d’efforts inimaginables ; les hallucinations se succèdent dans ce boyau pourtant à voie unique. J’ai vingt fois l’impression d’avoir perdu le chemin et, à plusieurs reprises, malgré ma certitude de ne pas me tromper, je retourne en arrière pour vérifier que je n’ai pas pris un diverticule inconnu ! Nous avons frisé la folie dans ce boyau infernal. Enfin, nous voici quand même à la galerie principale où Petzl peut s’allonger et se reposer longuement.Pourras-tu remonter ?''
''-Je crois que oui !'' ''À défaut de corde, je l’attache avec une échelle qui nous servira à l’aider dans son ascension, puis je remonte.'' ''-Courage vieux, vas-y.'' ''Petzl debout s’approche de l’échelle et monte, nous pouvons le tirer barreau par barreau et le voici. Mais comment allons-nous franchir les méandres ! Tandis qu’il se repose, nous roulons une fois encore les 72 mètres d’échelles, dans l’obscurité totale, car nous devons économiser l’éclairage qui commence à s’épuiser. Il est minuit lorsque nous avons terminé, environ trois heures après l’accident.'' ''Nos charges de l’aller ont été tassées pour ne plus faire que trois ; Dubost part en tête avec deux gros sacs. Je passe en dernier, accompagnant Fernand et portant le troisième sac. Et le calvaire des deux cent mètres de méandre commence. Il durera trois heures pour Dubost, cinq pour nous. Chaque mètre gagné représente pour Fernand un effort considérable de volonté pour lutter contre la douleur, la fatigue, le sommeil ; chaque ressaut même minuscule exige que je lui fasse une courte échelle en position de ramonage. ; Tous les 2 ou 3 mètres, une longue pause est indispensable ! D’un bout à l’autre, nous entendons Dubost racler contre les parois à distance croissante de nous, puis nous l’entendons communiquer avec l’équipe de relais, mais nous avançons avec une lenteur désespérante ; l’unique frontale électrique que nous avons pour deux donne à peine une lueur rougeâtre qui éclaire à moins d’un mètre. Lorsque nous approchons du puits du pendule, Dubost arrive au-devant de nous avec une bougie, et nous devons fermer les yeux un instant pour nous réhabituer à cette clarté qui nous fait l’effet d’un phare éblouissant.'' ''Tandis que Fernand s’allonge et se repose, Dubost me raconte son retour et nous échangeons quelques mots avec Babatte et François. Comme convenu, ils sont revenus en haut du puits peu après 22 heures. Pour combler leur attente ils ont chanté tout leur répertoire, depuis les cantiques jusqu’aux chansons d’étudiants en passant par les grands airs d’opéra. Les heures ont passé, leur inquiétude augmentait à mesure. François émettait même l’hypothèse optimiste que nous avions pu faire le tour par le Guiers Mort lorsque vers 2 heures du matin, les premiers raclements leur sont parvenus ; une heure après seulement Dubost arrivait enfin au fond du puits et les mettait brièvement au courant. : « La liaison est faite mais Fernand a eu un accident, il peut marcher mais n’avance que très lentement ».'' ''Dubost remonte le puits à bonne allure ; je le suis sans trop peiner. Nous sommes maintenant assez nombreux pour pouvoir aider efficacement Fernand et lui relançons la corde d’assurance. Elle ne parvient pas en bas ; à plusieurs reprises nous recommençons ; Petzl ne voit toujours rien venir ; nous commençons à nous inquiéter, persuadés qu’il dort à moitié et ne cherche pas bien alors qu’en réalité, la corde s’accrochait dans l’échelle. Enfin le voici prêt à monter et nous à le tirer, barreau par barreau, en accompagnant de notre mieux chacun de ses mouvements ; mais cette effroyable ascension durera quand même une demi-heure. Pendant que mes amis roulent les échelles, je repars avec Fernand pour les cinquante derniers mètres de méandres. Beaucoup plus étroits que ceux d’en bas, ils vont nous demander encore deux heures d’efforts inimaginables ; les hallucinations se succèdent dans ce boyau pourtant à voie unique. J’ai vingt fois l’impression d’avoir perdu le chemin et, à plusieurs reprises, malgré ma certitude de ne pas me tromper, je retourne en arrière pour vérifier que je n’ai pas pris un diverticule inconnu ! Nous avons frisé la folie dans ce boyau infernal. Enfin, nous voici quand même à la galerie principale où Petzl peut s’allonger et se reposer longuement.'' ''Mais il faut repartir : tout le matériel est laissé sur place, nous viendrons le chercher dans quelques jours. Soutenant notre camarade, nous remontons lentement mais sans ennui la grande galerie, les puits de la Lanterne, la galerie d’accès. À 14H15, près de 29 heures après être rentré, nous débouchons enfin à l’air libre !Toute la volonté de Fernand était tendue pour arriver jusqu’à jusqu'à la sortie ; il nous déclare qu’il ne peut aller plus loin ; sur nos objurgations, il repart tout de même, mais doit fournir un dur effort pour atteindre le chalet du Col des Ayes, d’où un cheval pourra le descendre à Saint-Hilaire ; À onze heures du soir seulement, il parvient au sanatorium des étudiants où il reçoit enfin les premiers soins, grâce au dévouement du directeur, le Docteur Douady et de tous autour de lui.'' ''Au milieu de ses souffrances, à ce moment comme au cours du calvaire de ce retour de plus de 24 heures, une pensée constante accompagne Fernand et le soutient : nous avons vaincu le Glaz : la liaison est faite !''
=== 1946 : Grotte de Verna ou Fontaine ===

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