2022-05-05 : Cuves de Sassenage
Année | 2022 |
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Date | 05/05/2022 |
Massif | Vercors |
Département | Isère |
Nombre de Victimes | 1 |
Durée | Moins de 12h |
Nombre de Sauveteurs | 41 |
Sommaire
- 1 La visite
- 2 L'alerte
- 3 Le déclenchement du plan
- 4 La situation à 15h00
- 5 La stratégie
- 6 Le dispositif engagé sous terre
- 7 Le dispositif prévu en surface
- 8 La remontée d'informations vers les autorités
- 9 La découverte des personnes recherchées
- 10 L'évacuation
- 11 Le retour au PC
- 12 Suites de l'opération
- 13 Sauveteurs engagés
La visite
Il s'agit d'une visite organisée pour des classes de 5ème du collège de St Ismier, dans le cadre du programme scolaire qui aborde des notions de géologie et de karstologie. Cette visite dépassant les limites de la partie touristique, l'établissement fait appel à des guides professionnels diplômés. L’organisation prévoit un roulement entre la matinée et l’après-midi, pendant qu’une classe visite la grotte, l’autre est accueillie au château de Sassenage.
2 jours plus tôt, 3 des 4 guides effectuaient une visite dans cette grotte avec des groupes. Le débit n'a pas augmenté substantiellement bien que des précipitations soient intervenues lors des dernières 48 heures.
La classe et les 2 enseignantes arrivent vers 9h30. Les 26 élèves sont répartis en 4 groupes (6 à 7 élèves) encadrés chacun par un guide. Il est 10h15, lorsque le premier groupe entre dans la cavité, les autres le suivent de près. Cette courte randonnée souterraine (2h au maximum) ne présente aucune difficulté et permet de voir des galeries de différentes formes et une portion de rivière souterraine. Ce parcours est pédagogiquement intéressant. Chaque groupe avance à son rythme et doit prendre ses dispositions pour être sorti à 12h15. Rien n'alerte les guides lors du parcours aller.
Le premier groupe sort vers 11h40 et le niveau d'eau dans la galerie des Enfers n'a quasiment pas évolué depuis l'aller. Le second groupe sort vers 11h55. Le niveau d'eau constaté est supérieur de moins de 10 cm par rapport à l'aller. Un guide est resté aux Enfers pour attendre S, 6 élèves et une accompagnante.
Le groupe est mis en sécurité, au sec, au Parloir des Fées. S. et son collègue font passer les enfants un par un en effectuant chacun la moitié du parcours. S. est positionnée à l'amont et le second guide gère le parcours sur l'aval des Enfers. Alors qu’il vient chercher la dernière élève, il se rend compte qu’elle est avec S. dans l’eau, sans qu’il ne les ait vues chuter ou glisser. Malgré l'aide apportée par son collègue, S. décède et l'adolescente est saine et sauve.
L'alerte
Les encadrants contactent les Conseillers Techniques, les témoins indiquent que 3 adultes (2 guides et 1 enseignante) sont bloqués par une crue au niveau des Enfers dans les Cuves de Sassenage. Il est mentionné que tous les enfants sont sortis. Les 3 adultes sont censés être à l’abri soit au Parloir des Fées, soit à la salle St Bruno.
Le déclenchement du plan
La préfecture déclenche les dispositions spécifiques de l'ORSEC vers 16h08. Dès lors les moyens du SDIS et de la 3SI sont acheminés sur place. M. COIGNE, Maire de Sassenage, se rend rapidement sur les lieux avec des collaborateurs.
La situation à 15h00
Le niveau d'eau dans les galeries de la zone d'entrée ne permet pas d'envisager une reconnaissance jusqu'aux personnes bloquées. De son domicile, France ROCOURT met en alerte une quinzaine de sauveteurs et gestionnaires de la 3SI et maintient en préalerte 25 personnes. L'ADRASEC 38 est mobilisée. Le téléphone en place à la salle St Bruno ne répond pas (plusieurs tentatives entre 15h00 et 18h00).
La stratégie
Compte tenu de l'impossibilité de progresser sous terre du fait de galeries totalement ou partiellement ennoyées et des risques inhérents à un fort débit, il est décidé en concertation avec le COS, de n'engager qu’un nombre limité de sauveteurs triés sur leurs compétences en eau-vive. Le dispositif s'articule autour de 3 équipes dont une de pointe et 2 de soutien. Un opérateur radio est aussi prévu pour l'intérieur. L'ADRASEC est mobilisée pour assurer la réception de la radio en surface.
Rapidement, s'est posée la question du risque de montée en puissance de la crue ou de récidive en cas de décrue. Des prévisions ont été demandées à Météo France. Le risque de blocage des équipes de secours est envisagé et il leur est demandé d'emporter une radio, de la nourriture, et de l'eau. Des sauveteurs et des sapeurs pompiers sont positionnés à l'entrée pour guetter la décrue. Dès que les équipes sont prêtes, elles sont acheminées sur place pour intervenir rapidement en cas de décrue. Le PC, est mobilisé pour guetter la fenêtre météo favorable. Des réserves importantes sont constituées (7 GRIMP et 25 membres de la 3SI, 5 membres du GSGN et 5 CRS) pour faire face à des brancardages le cas échéant.
Le choix d'engager les équipes sans attendre la décrue totale est expliqué à la préfecture lors d'un point de situation à 18h30 :
- risque pour les personnes recherchées de blessures graves dues à la progression en eau vive avec un fort débit,
- risque d'hypothermie,
- risque pour les personnes bloquées de vouloir forcer le passage et de se noyer,
- risque d'une fenêtre courte pour sortir les personnes recherchées.
Le dispositif engagé sous terre
Le dispositif prévu initialement doit permettre de sécuriser la progression des sauveteurs et de prévoir la suppléance à tous les postes. Il comprend 3 équipes restreintes et un opérateur radio :
EFFECTIF | MISSION | |
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Equipe 1 | 3 | Équipe de pointe :
|
Equipe 2 | 5 | suivre l'équipe de pointe au plus près
|
Equipe 3 | 4 | soutien des équipes 1 et 2 dans tous leurs objectifs |
Chaque sauveteur doit être équipé spécifiquement pour évoluer dans des galeries très aquatiques (combinaison néoprène, sac ou bidon étanche, masque de plongée...) Chaque équipe doit prendre un matériel spécifique (équipement de progression sur corde et vêtements pour les victimes, stock de nourriture et d'eau, réchaud, point chaud)
Le dispositif doit pouvoir évoluer à tout instant afin de faire face aux circonstances. De nombreux sauveteurs ont été mis en pré alerte pour prêter main forte en cas de brancardage d'une ou plusieurs victimes. De même, des équipes et du matériel sont prépositionnés à l'entrée.
Le dispositif prévu en surface
La 3SI a installé ses gestionnaires dans les travées de la caserne puis à proximité du camion PC du SDIS dans la cour. Un Conseiller Technique a pris en charge la gestion de l'opération et un autre s'est installé à l'entrée de la cavité. A défaut de Conseiller Technique supplémentaire dédié aux missions souterraines, il a dû prêter main forte aux équipes engagées dans la grotte.
Pour le SDIS, le camion PC, le véhicule de logistique ainsi que la cellule anticipation sont installés à la caserne des pompiers de Sassenage après concertation entre le CTDS et un officier du GRIMP présent au CODIS. Des navettes ont été mises en place par le SDIS pour acheminer et ramener les équipes sur le site d'intervention.
La remontée d'informations vers les autorités
Des points de situation ont été effectués par téléphone avec le COS, le CODIS crise et la préfecture à 16h21 et 18h30. Au cours de la dernière conférence téléphonique, il est décidé d'engager des équipes dès que la progression en sécurité est possible. Les équipes sont positionnées à l'entrée pour pouvoir intervenir dès que le niveau d'eau le permet. Le Maire de Sassenage est présent à la caserne, il est informé régulièrement. Il propose des locaux pour accueillir les proches des victimes et la CUMP. Vers 21h00, un dernier point de situation est effectué dans la cellule anticipation du SDIS à la caserne de Sassenage.
La découverte des personnes recherchées
L'équipe 1 avance dans la galerie des Enfers en posant les équipements pour sécuriser la progression des intervenants. Elle est suivie de très près par l’équipe 2. Le corps de S. est aperçu au bas de l'escalier aval des Enfers, contre la rambarde. Le chef d’équipe de l’équipe 2 va au contact du corps. Dans l'impossibilité de l'identifier très précisément, il prévient le PC à 19h46.
Dès lors, il est envisagé que les 2 autres personnes recherchées sont aussi décédées. Le dispositif monte en puissance pour prendre en compte l’effectif nécessaire pour porter 3 civières dans des galeries peu confortables et nécessitant beaucoup de porteurs. Les équipes de la 3SI, du SDIS et des USEM en réserve sont appelées en renfort. Vers 21h38, l'équipe 1 découvre les 2 autres personnes au Parloir des Fées situé en amont des Enfers, à l’abri de la crue, en hauteur. C'est là que les enfants avaient trouvé refuge le 23 mai 2002.
L'évacuation
Le parcours sécurisé par des cordes fixées à la paroi par l’équipe 1 permet d’envisager la sortie des victimes. Vers 22h00, le débit a fortement baissé mais n’est pas revenu à son niveau normal quand les évacuations commencent. Les survivants ont été préalablement équipés pour une sortie en sécurité (baudrier, longe). La sortie du corps s’effectue en premier et rapidement après les constatations des OPJ. L’objectif est d’épargner aux survivants la vue du corps. Le guide et l’enseignante sortent séparément, accompagnés d'une équipe de sauveteur. Ils retrouvent la surface respectivement à 22h17 et 22h29. Dès le dernier sauveteur sorti (22h37), la cavité est fermée et le matériel de secours reste à l'intérieur.
Le retour au PC
La victime décédée est remise à une entreprise de pompes funèbres. Les 2 autres victimes sont ramenées à la caserne de Sassenage ainsi que tous les sauveteurs. Tous sont accueillis par le Préfet, le COS et le CTDS qui les remercient et s'associent à leur peine. Le dispositif de la CUMP leur est présenté. Après une collation, les sauveteurs de la 3SI ont une séance collective avec une psychologue qui oriente 3 d'entre eux sur un entretien individuel pour une prise en charge.
Suites de l'opération
Les élèves ont été pris en charge par des psychologues le lendemain. Le lundi suivant, tous étaient en classe. Le procureur de la République de Grenoble a confié aux gendarmes du PGHM une enquête pour connaître les cause de la mort de S. Les obsèques de cette dernière ont eu lieu le vendredi 13 mai à Lans en Vercors. Le matériel de secours a été récupéré le 6 mai par les personnels du GRIMP accompagnés de gendarmes du GSGN revenus pour des constatations supplémentaires à la faveur de la décrue complète.
Sauveteurs engagés
SDIS 38 | ||
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Sébastien ARGUILLER | Christophe BUCCI | Aurélien DE BIASI |
Sylvain EYMERY | Gérald PELLEGRINI | Fabrice VEDILLE |
PGHM 38 | ||
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Bruno ALBERT | Jean-Sébastien BEAUD OPJ | Isae DWORCZAK |
Benjamin IZIKOWSKI | Fabien SIMON |
SAMU 38 | |
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Jérémie CHARLES (médecin) | Pierre André FIXOT (infirmier) |
3SI | ||
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Tristan GODET (CT) | Pascal GUINARD | Océane HAURE |
Fabien MULLET | Jérémie QUERTIER | Manu TESSANE |
Romain VANEL |
ADRASEC 38 | |
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Alain PERDOUX | Loïc RAYMOND |
PC | ||
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Antoine AIGUEPERSE (3SI) | Thierry LARRIBE (3SI - CT) | Florian PIAT (3SI) |
Émilie REBREYEND (3SI) | Maud SIMONET-BEE (3SI) | Patrice ROTH (3SI) |
Stéphane ROLLAND (CRS Alpes) | Ludovic SAINT-BONNET (CRS Alpes) |
ENTREE GROTTE | ||
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Sylvain AMOLINI (3SI) | Clément BAUDY (3SI) | Lionel GLAUDA (3SI) |
France ROCOURT (3SI - CT) | Guillaume SECHAUD, (3SI -CT et médecin) | Jean Baptiste BOIS (CRS Alpes) |
Lionel CHATAIN (CRS Alpes) | Thomas JACQUES (CRS Alpes) | Benjamin VALLA (CRS Alpes) |
SDIS 38 |
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Jérôme ROBERT |
PGHM 38 |
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Rémi PELISSON |