1965-09-26 : Glacière d'Autrans

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Glacière d'Autrans
26 septembre 1965
Année 1965
Date 26/09/1965
Massif Vercors
Département Isère
Nombre de Victimes 1
Durée Moins de 12h
Nombre de Sauveteurs Moins de 15

Le contexte

Le 26 septembre, en visite dans la glacière d'Autrans avec son club, Claude T., 24 ans, spéléologue stéphanois, fait une chute de 15 mètres au cours d'une escalade en libre à -150 m. Il est blessé aux cervicales et au cuir chevelu.

Vers 12h10, Fernand PETZL, informé par M. SCHOTT, animateur du club stéphanois, lève une équipe de l'ASV sous la direction de Daniel BERTRAND. Il demande aussi à Jacqueline BOCQUET de mettre en préalerte une équipe grenobloise puis, il se rend sur site. Il arrive à 14h45.

Il est accompagné de gendarmes et de pompiers de Grenoble mis en alerte par la Protection Civile. L'équipe mixte de sauvetage iséro-stéphanoise est déjà engagée sous terre. Après avoir remis le cuir chevelu en place, calmé la douleur avec des piqûres, Daniel BERTRAND aide le blessé à remonter sur ses jambes. Il a demandé au préalable que les sauveteurs comblent le fond du méandre avec des pierres pour permettre à Claude T. de marcher au sol et non en opposition. Dans les verticales, il est tracté par un treuil POMAGALSKI.

Le blessé sort de la cavité vers 20h40. Il est transporté au cabinet du docteur DARDELET à Autrans pour un examen, puis il est admis à l'hôpital de Grenoble vers minuit.

Témoignages

Daniel Bertrand

Le témoignage de Daniel BERTRAND est reproduit ci-dessous :

« Nous sommes à table, en famille ; quelqu'un frappe à la porte : « - Entrez ! »

Un spéléo vient nous demander de l'aide pour un de ses coéquipiers qui a fait une chute à la glacière d'Autrans. Il est, semble-t-il, dans le coma. En un rien de temps, avec mes frères et quelques autres de l’ASV, nous partons avec tout le matériel : treuil, cordes, dévidoir du fil de téléphone, mallettes métalliques de premiers secours, etc... Après une marche d'approche de 45 minutes, nous sommes à l'entrée de la glacière.

Je m’équipe rapidement avec ma tenue spéléo et commence la descente avec le dévidoir du fil de téléphone et ma mallette de secours. Un froid terrible m’envahit. En descendant en rappel, je mémorise au fur et à mesure les puits qui s'enchaînent. Au sommet de chaque puits, deux "spéléo", transis de froid, attendent pour assurer la remontée des autres coéquipiers. À tous, je leur demande de remonter pour se réchauffer.

En arrivant au pied du dernier puits, je téléphone à mes frères pour leur situer le positionnement des treuils à installer. Une faille part du bas du puits ; elle est tellement étroite qu'il faut s’engager avec la tête tournée du bon côté. Des pierres coincées nous obligent à remonter dans la faille pour les franchir. Seuls, les "spéléo" très minces peuvent l'aborder. Je débouche dans une petite salle où trois spéléos veillent le blessé qui a repris conscience. Je déballe de mon sac un réchaud à gaz, une gourde, une gamelle avec deux anses et je prépare du thé. Je lui enlève le bonnet que ses coéquipiers lui avaient mis et je découvre une énorme balafre par laquelle on aperçoit l'os crânien. Je me suis écrié :

« - Et c'est pour ça que vous m'avez dérangé en plein repas familial ? Bon, maintenant que je suis ici, je vais quand même faire un pansement et une petite piqûre ! ».

Je lui fais une injection (c'est le médecin de Villard-de-Lans qui prépare toujours ma mallette de secours). À l'aide de compresses stériles et d'une bande, je confectionne un pansement crânien. Le thé est prêt, je le sers dans des gobelets apportés ainsi que le sucre. Je casse aussi cette ambiance morbide qui règne dans la cavité en faisant quelques plaisanteries. Je veux faire croire au blessé qu'il n'a pas grand-chose. Il faut qu'il passe la faille seul ! Et je me suis rendu compte, en lui faisant son pansement, qu'il doit avoir aussi des problèmes aux cervicales. Aussi, je me sers du gros col de son blouson matelassé comme d'une minerve en le serrant fort. J’envoie les trois spéléos équipés de marteaux, enlever les pierres qui nous gêneront pour sortir.

J'attends un moment qu'ils prennent de l'avance puis, lui devant, nous entamons le passage de la faille à notre tour. Mon objectif est qu'il sorte seul de cette faille étroite et critique. L'injection doit faire son effet car il progresse régulièrement dans l’étroiture. En arrivant enfin au pied du puits, j’ai la bonne surprise de voir le câble et les sangles à poste. Mes frères ont équipé les deux treuils en un temps record. Un treuil équipe le "P32 et le "P8, le second treuil, les "P27, P24, P5. Ce jour-là, nous réalisons un sauvetage TOP, d’une prouesse hors du commun !

Un énorme feu, ravitaillé et activé par mon frère Dominique, nous accueille à la sortie de la glacière. Chargé sur une civière, les pompiers descendent le blessé jusqu'à la route carrossable où une ambulance attend. Il faut dire que la victime a beaucoup de chance de pouvoir s'en sortir dans ces conditions. Son gros problème a été solutionné grâce à une assistance qui lui a permis de passer seul la faille de 18 cm de large et, qui plus est, avec de petits virages ! Hors cette assistance, l’évacuation était rigoureusement impossible. »

Raymond Maho

Dans son ouvrage J'ai marché sous la Terre, Raymond MAHO cite cette opération mais il situe l'action en novembre [1] :

« Le 26 novembre 65, dans la Glacière d’Autrans, un spéléo de Saint Étienne fait une chute sur la tête à la cote -150. Vers quatorze heures trente, Fernand Petzl arrive avec une équipe mais les sauveteurs sont déjà nombreux.

Le blessé est ressorti vers vingt heures quarante. »

Épilogue

Fernand PETZL note que le nombre de sauveteurs était de 15 au maximum.

Le montant des vacations s'élevait à 500 Francs et le matériel perdu à 100 Francs.

Sauveteurs engagés

Les membres du club stéphanois, ainsi que ceux de l'ASV, ont pris en charge l'évacuation du Claude T.

Pour l'ASV, il s'agit de :

Daniel BERTRAND Dominique BEN André HEBERT-BERARD Jean REPELLIN
Guy BERTRAND Christian DELMOTTE David MORETTI

Documents

Article de presse

Source

  1. La page internet relative au club ASV itopipinnuti.pagesperso-orange.fr/Fichiers/EXPO_ASV.docx

Notes et références

Références

  1. Raymond MAHO - J'ai marché sous la Terre, Autres Talents, (2017)