1987-06-20 : Grotte Favot
Année | 1987 |
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Date | 20/06/1987 |
Massif | Vercors |
Département | Isère |
Nombre de Victimes | 1 |
Durée | 12-24h |
Nombre de Sauveteurs | 27 |
Le 19 juin à 23h45, Arnaud D., habitant Aix en Provence, informe Albert OYHANÇABAL de la disparition de Denis H., 64 ans, son beau-père, depuis 48 heures. Ce dernier, habitant en région parisienne, est cadre chez Merlin Gérin. Il s'est récemment passionné pour la spéléologie. L'appelant est persuadé que l'intéressé est parti visiter une cavité dans la Dent de Crolles.
Albert OYAHANCABAL prévient la préfecture et la gendarmerie déjà avisée par la famille. Les reconnaissances effectuées par les gendarmes sur les parkings situés à proximité de la Dent de Crolles ne permettent pas de retrouver le véhicule de Denis H.. Néanmoins, une équipe du club de spéléologie de Seyssins qui doit équiper la traversée Trou du Glaz- grotte Annette, a pour consigne d'effectuer des recherches dans le réseau de la Dent de Crolles.
Le 20 juin vers 8h15, Il est décidé d'envoyer 3 équipes de secouristes dans le réseau de la Dent de Crolles pour fouiller les traversées gouffre P40 – Trou du Glaz et Trou du Glaz – grotte du Guiers Mort. Vers 9h00, la gendarmerie de Pont-en-Royans signale la découverte du véhicule de Denis H. sur le parking utilisé habituellement pour aller visiter le grotte Favot.
Les effectifs qui allaient partir sur la Dent de Crolles sont réorientés vers la grotte Favot. Ce sont 5 spéléologues, 4 CRS et 1 gendarme qui montent à la grotte. Ils sont rejoints par un binôme du SAMU 38. À 12h00, le Conseiller Technique est informé de la découverte du corps de Denis H. au bas du puits appelé le Grand Scialet, de 50 m de profondeur. Il n'a pas de casque, il est équipé d'une simple frontale et est habillé de vêtements de pluie. La position du corps au sol semble indiquer qu'il a glissé du grand dôme qui domine le Grand Scialet. La dépouille sort de la grotte à 16h00.
Témoignage
Bernard OYHANÇABAL nous livre un récit de cette opération : « C'est un cas d'école en terme d'alerte que l’on redoute d'avoir à traiter. Renseignements quasi inexistants, et de surcroit peu fiables. Je laisse les instances dirigeantes développer les différentes péripéties rocambolesques. L'opération débuta par une personne signalée disparue depuis peu, parti faire de la spéléo dans un trou de Chartreuse. Favot-Chartreuse, Chartreuse-Favot... juste un saut de puce... sur une carte... Heureusement que ce gendarme de la Brigade de Villard-de-Lans eut la bonne idée de partir en permission ce matin-là, et de descendre par les Gorges de la Bourne! Il mît fin à cette quête du véhicule du disparu. Pour info : le véhicule fut signalé comme recherché dans tout le département de l'Isère et de la Savoie. Nous nous retrouvâmes, en comité restreint, pour filer en reconnaissance dans la cavité la plus logique de la zone, en l’occurrence : Favot. Rapide montée, bien glissante à cause de la pluie ininterrompue de la nuit. Équipement rapide, et on file au plus direct, vers le Grand Scialet, à deux, Hubert Heinrich et moi. Arrivés en sommet de puits, nous voyons deux explorateurs, en fin de déséquipement de la verticale, et qui s'adressent immédiatement à nous. Nous les découvrons tous blancs. « y'a y'a y'a... là! » « Quoi ? » demande Hubert. « Làlàlà, un... un... un mort ! » Nous comprenons au bout d'un laps de temps que ces jeunes gens étaient en explo, qu'ils ont descendu le Grand Scialet, pour y découvrir à sa base, le corps sans vie de notre disparu. En état de choc émotionnel, nous les raccompagnons vers l'entrée, avant de faire scission, en estafette, rendre compte des derniers développements. Une autre équipe s'engage vers le fond. Au vu du monde, nous redescendons au parking, avec nos deux protagonistes. Nous apprenons en cours de chemin, qu'ils venaient en initiation dans Favot, pour se former. C'était l'une de leur toute première verticale. À ma connaissance, ils ont rapidement arrêté la spéléo...
Comme le secours s'éternisait, et que rien ne bougeait, un gendarme de la brigade de Pont m'accosta, et me proposa d'aller boire un café chez la Caroline, à La Balme de Rencurel. Erreur fatale. Tout le monde connaît la réputation de cet établissement renommé. Lorsqu'elle sut le motif de notre présence, elle nous aborda : « Mais vous n'allez pas partir comme çaaa. Tenez, mangez un peuuu. ». Et d'apporter deux assiettes. Nous avons lutté, mais en vain. Le poulet aux écrevisses, le fromage, le gâteau (en triple portion, s'il vous plait...). Et heureusement... le café. De retour au parking, nous ne pouvions plus bader. Et lorsqu'à l'issue de l'opération, quelqu'un proposa d'aller prendre une collation chez la Caroline, deux voix se firent entendre pour prétexter un débriefing urgent... »
Sauveteurs engagés
Ont participé à cette opération :
Documents
Sources
- Compte rendu d'Albert OYHANÇABAL