Histoire de la 3SI - Chapitre 3
Sommaire
Au niveau national
L’organisation des secours spéléologiques
Si l'opération de la goule de Foussoubie a fait ressentir aux spéléologues, mais aussi à l'administration, la nécessité d'encadrer les secours spéléologiques au plan local, les opérations au gouffre Berger en 1975 et à la grotte de Gournier en 1976 ont eu aussi des conséquences au niveau national. En 1977, une série de réunions est organisée par la Sécurité Civile à Nainville-les-Roches (Essonne) et à Paris.
La première se tient le 9 mars, elle permet de poser les bases de la discussion qui s'engage entre la FFS et la Direction de la Sécurité Civile. Lors de la réunion du 4 juillet, les représentants de la FFS obtiennent des engagements sur la gratuité des secours et approuvent la mise en place de journées d'études communes avec la Sécurité Civile. La nomination de Conseillers Techniques Nationaux est actée. Sont proposés : Serge AVIOTTE, Maurice DUCHENE, Jean-Claude FRACHON, Ruben GOMEZ, Pierre RIAS et Albert OYHANÇABAL. Un gros point de désaccord persiste car la délégation de la Sécurité Civile veut obliger les spéléologues à déposer un « préavis d'exploration ». La liberté d'accès aux cavités est fermement défendue par les membres de la FFS. Au cours de cette même réunion, les officiers représentant la Sécurité Civile s'opposent à la création des postes de Conseillers Techniques dans les départements et dénoncent les termes de l'arrêté de nomination des Conseillers Techniques de l'Isère qui, selon eux, donne trop de pouvoirs à des civils.
Dans sa lettre du 12 juillet 1977 à tous les Conseillers Techniques, Maurice DUCHENE conclut en mettant en avant la nécessité à se structurer rapidement et à entretenir des contacts étroits et vigilants avec la Direction de la Sécurité Civile. Les discussions avec les autorités continuent. Les 15, 16 et 17 novembre 1977, le premier stage relatif au secours spéléologique se tient au Centre d'Étude de la Sécurité Civile de Nainville-les-Roches. Sont présentés par les représentants de la Sécurité Civile : les plans ORSEC et la responsabilité des pouvoirs publics. La délégation de la FFS présente la structure fédérale et son organisation, la typologie des secours et des cas pratiques. Un projet de convention est débattu. Ces 3 journées sont aussi l'occasion de faire un point sur les aspects médicaux. Le docteur DERAIN, du SAMU de Côte d'Or, aborde la problématique de la plongée souterraine et le docteur MENTHONNEX, du SAMU de l'Isère, parle de la médicalisation des secours souterrains. Au cours de l'une de ces rencontres, une délégation de la Fédération Française de Spéléologie (FFS) fait une présentation de l'opération de la grotte de Gournier devant un panel d'officier des sapeurs-pompiers, de la gendarmerie, des CRS et de fonctionnaires du Ministère de l'Intérieur. Parmi les spéléologues présents figurent notamment Fernand PETZL et Albert OYHANÇABAL.
Les représentants de la FFS, ainsi que des spécialistes du secours en montagne, plaident pour que la direction des opérations souterraines soit confiée à un expert connaissant le milieu souterrain et les techniques spécifiques à mettre en œuvre (témoignage d'Albert OYHANÇABAL paru dans Spéléo Secours Isère 1970-2010 : 40 ans de secours souterrain – Comité départemental de spéléologie de l'Isère – 2010).
Le 8 mars 1978, la première convention d'assistance technique entre le Ministère de l'Intérieur (Direction de la Sécurité Civile) et la FFS est signée. Une circulaire est alors diffusée aux Préfets. Elle prévoit qu'un plan de secours départemental doit être élaboré en concertation avec toutes les parties et qu'un Conseiller Technique, expert du milieu et du secours souterrain, conduise les opérations souterraines. Un groupe d'intervention national en spéléo-secours doit aussi être constitué au sein de la FFS, dans le but d'intervenir en renfort en cas d'opération d'une telle ampleur qu'un département ne peut y faire face seul (circulaire n°78-116 et convention du 8 mars 1978).
En parallèle, au sein de la FFS, des cadres impliqués dans le secours s'activent en coulisse pour reprendre en main la commission dédiée au secours dirigée par le docteur Pierre CASTIN. Une réunion est organisée par la FFS les 24 et 25 septembre à Saint-Bauzille-de-Putois (Hérault) en présence de la quasi-totalité des Conseillers Techniques de France. La commission secours de la FFS devient alors le Spéléo Secours Français. Ses missions sont :
- le secours en milieu souterrain, naturel ou artificiel, noyé ou à l’air libre ;
- l’étude et l’analyse des accidents liés au milieu souterrain pour contribuer à la prévention ;
- l’étude, la conception et la réalisation du matériel adapté aux besoins ;
- la constitution et l’entretien des stocks de matériel spécifique nécessaire au secours ;
- la formation des équipes de secours.
Le premier « Directeur » du SSF est Pierre RIAS. Il est épaulé, entre autres, par Jean-Claude FRACHON et Ruben GOMEZ. Leur premier gros dossier est la convention nationale d'assistance (Info SSF n°91 de 2005).
Des évolutions dans le matériel, les techniques et dans les formations
Les techniques de descente et montée sur câble, très lourdes à mettre en place, sont abandonnées rapidement. L'utilisation d'échelles souples pour monter les puits, laisse la place à celle utilisant uniquement des cordes simples.
Des formations nationales sont dispensées par l'EFS (Michel LETRÔNE). Un Centre National de Spéléologie est crée à Fond d'Urle. Des cadres techniques y sont formés, y compris en matière de secours.
Enfin, des formations spécifiques au secours spéléo sont créées. Elles prônent l'emploi des mêmes techniques partout, facilitant ainsi la composition d'équipes mixtes lors des exercices et des sauvetages d'ampleur (1975-1976).