1962-08-12 : Trou du Glaz : Différence entre versions

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== Le contexte ==
 
== Le contexte ==
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Jean-Paul D., Gilles B., Philippe C., Bernard M., Fernand et Jacques P., et Jean Claude F. s'engagent dans le réseau de la [[:Catégorie:Dent de Crolles|Dent de Crolles]] par le [[:Catégorie:Trou du Glaz|Trou du Glaz]] en 3 équipes. Bernard M. chute alors qu'il remonte un puits, certainement emporté par un bloc de 50 kg détaché de la paroi. Il meurt sur le coup.
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Les 6 autres membres du groupe sortent et donnent l'alerte. Les valentinois sont prévenus. Ils viennent aider leurs amis isérois menés par Jean Jacques GARNIER, tout comme les lyonnais. Ne pouvant sortir le corps par le [[:Catégorie:Trou du Glaz|Trou du Glaz]], les sauveteurs vont essayer de rejoindre le [[:Catégorie:Grotte du Guiers Mort|Guiers Mort]] avec lequel la jonction n'est pas encore réalisée. Elle sera effective le 14 août. Hélas, le gabarit des galeries ne permet pas une évacuation du corps.
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La famille et les autorités autorisent l'inhumation dans la cavité. Les amis de Bernard choisissent une galerie borgne vers le Métro. Elle est obstruée après la dépose du corps. La dépouille est transportée jusqu'à la tombe. Une cérémonie est organisée sous terre le 18 août.
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Une plaque est apposée portant la mention " ''Ici repose Bernard M., 18 ans, mort en exploration le 12 août 1962. Il repose dans la paix du Seigneur'' ".
  
 
== Les sauveteurs engagés ==
 
== Les sauveteurs engagés ==
  
== Témoigage ==
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Ont notamment participé à cette opération :
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* Spéléo Club de Lyon : Michel LETRÔNE, Jean-Claude FRACHON, Gilles BABENKO, Jean-Paul DOTTO et Philippe CHABAUD.
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* Clan des Tritons : Hubert COURTOIS, Marcel RENAUD.
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* Groupe spéléologique valentinois : Jean-Jacques GARNIER, Jean BONNET, Claude POMMIER, Paul CABAILLOT et Gérard BUCHOTLZER.
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* Maison des jeunes de Romans : Charles-Noël MARTIN, Bruno et Christian GATHIER.
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* Ours du Glandasse : François ACHARD.
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* Section spéléologie du CAF de Grenoble : François THIERRY et Aldo SILLANOLI.
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* d'autres isérois : Fernand et Jacques PETZL, André FOURNIER et biens d'autres.
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C'est certainement suite à cette opération que Fernand PETZL ressent la nécessité de mettre en place une organisation dédiée au secours en spéléologie.
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== Témoignages ==
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=== Raymond Maho ===
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Raymond MAHO raconte <ref>Raymond MAHO - J'ai marché sous la Terre, Autres Talents, (2017)</ref> :
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« ''Lundi, 13 août 1962, nous apprenons une terrible nouvelle, un spéléo lyonnais est mort en exploration dans le réseau de la Dent de Crolles le dimanche 12 août 1962 dans le secteur du métro. Bernard Moulin et Jean-Claude Frachon descendent un puits de soixante-cinq mètres et explorent un méandre sur environ deux cent cinquante mètres, ils s’arrêtent sur un rétrécissement. De retour, ils remontent le puits à l’échelle sur une vingtaine de mètres jusqu'à une vire, assurés d’en haut par leur collègue. Bernard repart et monte de plusieurs mètres lorsqu'une chute de pierres dont un bloc d’une cinquantaine de kilos sectionne la corde d’assurance, écrase plusieurs barreaux ainsi que le câble de l’échelle et entraîne Bernard Moulin dans sa chute. Il rebondit sur la vire aux pieds de Frachon et s’écrase vingt mètres plus bas.''
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''L’équipe ressort donner l’alerte. Mardi 14 août, Michel Letrône et plusieurs de ses collègues rejoignent le corps de leur ami et cherchent une issue en reprenant l’exploration du méandre. Ils trouvent un passage qui les ramène dans une partie connue du réseau et ressortent par la grotte du Guiers-Mort. Malheureusement, l’étroitesse du méandre ne permet pas le passage du corps de Bernard. Quelques membres du SGCAF sont présents dont Aldo Sillanoli et François Thierry. Letrône retourne dans la cavité avec Aldo pour lui montrer le chemin à suivre pour atteindre le méandre. Le mercredi 15 aout, des équipes formées de Lyonnais, Valentinois et Grenoblois, cherchent un parcours qui permettrait de ressortir le corps du jeune lyonnais à la surface. C’est malheureusement impossible sans prendre des risques énormes pour les sauveteurs.''
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''La décision est donc prise de l’inhumer dans la cavité avec l’accord de ses parents. Le 18 août 1962, je fais partie d’une équipe d’une dizaine de membres chargée de cette douloureuse opération. Nous pénétrons par le Guiers-Mort et atteignons la base du grand puits où repose le corps du spéléo en passant par le méandre exploré quelques jours auparavant dans lequel les éléments de la perche Barnaud passent difficilement. Des photos du corps sont prises pour les autorités. Puis, nous le remontons au sommet du puits où nous l’inhumons dans une petite galerie sans issue que nous colmatons avec des blocs. Nous y déposons une croix faite de deux stalactites et une plaque sur laquelle est inscrit " Ici repose Bernard Moulin, 18 ans, mort en exploration le 12 août 1962. Il repose dans la paix du seigneur ".''
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''Nous avons passé dix-huit heures sous terre. J’ai seize ans et cette expédition restera gravée dans ma mémoire.'' »
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=== Michel Letrône ===
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''« Fernand Petzl et son fils Jacques sont venus nous rejoindre. Le vieux est en forme. Il a très envie de voir le métro (découvert quelques jours avant) avec un peu de jalousie de ne pas l’avoir trouvé avant nous il y a 15 ans. Moi je descends à Grenoble chercher André Fournier à la gare à midi. Pour éviter les embouteillages dans les puits, ils partent en trois équipes. Bernard Moulin et Jacques Petzl entrent à 9 heures et vont au métro en équipant les puits Fournier et Frachon qui sont plus faciles que les puits Fourquet et Letrône que j’ai d’ailleurs déséquipés vendredi dernier avec le Frach. Ils doivent numéroter les galeries du Métro et se rendre au grand puits de 65 mètres. Là ils attendront la seconde équipe, Frachon et Dotto qui entrent une heure plus tard. Leur mission est de faire la topo depuis le bas du puits du Cerf en situant les galeries numérotées.''
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''La troisième équipe rentre à 11 heures avec Fernand, Gilles et Philippe. Objectif : explorer et topographier les galeries de fuite du métro. Ils vont découvrir un grand puits qu’ils équipent de 40 mètres, ce sera le puits Babenko. Moulin et Frachon descendent le puits jusqu’au fond. Jacques Petzl et Dotto s’installent au ressaut de -35 et attendent. Bernard et Jean-Claude partent dans le méandre que j’avais reconnu, dépassent la base des puits et explorent environ 250m de méandre. Ils sont arrêtés par un rétrécissement du méandre et la disparition du courant d’air. Retour au bas du puits, Bernard monte une dizaine de mètres, Jean-Claude le rejoint. Jacques et Jean-Paul assurent depuis le haut.''
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''Bernard monte de 20m et se repose pendant que Jean-Claude le rejoint. Bernard repart, monte d’environ 5m et soudain, un bruit terrifiant de chute : Bernard tombe aux pieds de Jean-Claude avec des rochers, rebondit sur le relais et se fracasse 20m plus bas. Consternation, silence de mort. Jean-Claude n’a rien, il appelle Bernard. Aucune réponse, silence complet. Là-haut, Jacques qui assurait Bernard avec Jean-Paul a entendu le cri de Bernard et les bruits de chute de pierre en constatant que la corde d’assurance était soudain devenue libre. De sa plate-forme, Jean-Claude voit que les échelles sont gravement endommagées en-dessous de lui.''
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''Il demande à Jean-Paul d’aller chercher Fernand, Gilles et Philippe dans le métro et à Jacques de remonter la corde pour vérifier si elle n’est pas abîmée plus haut avant de remonter. Fernand arrive, rééquipe le puits et descend auprès de Bernard Moulin. Il a cessé de vivre, il a vraisemblablement été tué sur le coup. La corde d’assurance est cisaillée à un mètre au-dessus de lui. Sur 20 mètres, Les câbles de l’échelle sont presque coupés en 4 endroits et trois barreaux complètement écrasés. Un bloc de pierre de 50kg couvert d’impacts semble être le responsable. Apparemment, un des barreaux de l’échelle au-dessus de lui a décroché le bloc.''
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''Il n’y avait dans l’immédiat plus rien à faire pour Bernard et ils décident sagement de ressortir. Ils sont à l’entrée à 5H30 après 29 heures passées sous terre.''
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''Au col des Ayes avec André nous avons très mal dormi. Qu’ont-ils découvert ? Ils sont bien longs à rentrer ! Souvent nous regardons là-haut pour voir si les lumières arrivent. Le jour va se lever, il fait encore sombre, André me dit : « les voilà ». Ouf, ça va mieux !''
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''Nous comptons les lumières, il n’y en a que six. L’un d’eux doit être en panne... Mais ils approchent, il fait plus clair. Ils sont bien six au lieu de sept. C’est Philippe qui arrive le premier.''
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''Ça va Philippe ? Oui ça va !''
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''Qui est en retard ? C’est Bernard !''
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''Ou est-il ? Dedans !''
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''Les autres arrivent en silence. ; Je comprends. Choc !''
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''...Les gendarmes demandent par où ressortir le corps ! Voilà le problème impossible par le méandre Guillemin. Par le Guiers peut-être, c’est une possibilité mais nous ne l’avons pas encore trouvée. Nos amis valentinois vont nous aider à la chercher.''
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''...Les spéléos cherchent le Guiers Mort et rencontrent dans la grande salle François Thierry , Aldo Sillanoli  et deux autres. Aldo et Thierry vont aller jusqu'au bas du puits Moulin pour se rendre compte des difficultés pour sortir le corps par cette jonction. Il me semble que ce n’est pas possible. Conseil de guerre avec les grenoblois, les valentinois, les lyonnais : on ne peut sortir le corps par la galerie de la solidarité. D'autres recherches s’effectuent dans le réseau, et il faut se rendre à l’évidence : ce n’est pas possible.''
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''En accord avec les parents, les autorités civiles et judiciaires, il est décidé d’inhumer Bernard dans le métro. Nous procéderons à cette cérémonie le 18 août.''
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''Il est déposé dans une petite galerie sans issue, l’entrée est obstruée de gros blocs. Nous dressons une croix en stalactites et déposons son casque et sa lampe. Sur une plaque inaltérable : ici repose Bernard Moulin mort en exploration le 12 août 1962, il repose dans la paix du seigneur. »''
  
 
== Epilogue ==
 
== Epilogue ==
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Dans sa lettre datée du 25 août 1962, Le père de Bernard M. remercie les sauveteurs et exprime son souhait de voir la dépouille de son fils revenir à la surface.
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Il souhaite aussi que « ''la mémoire de son fils donne à tous la volonté de faire encore de nobles et belles choses dans cette spéléologie qu'il aimait tant'' ».
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C'est avec étonnement que nous n'avons pas trouvé cette opération dans la liste laissée par Fernand PETZL.
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== Documents ==
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1962-08-12_Trou du Glaz-06.jpg|Trou du Glaz - 12 août 1962 - Document
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1962-08-12_Trou du Glaz-07.jpg|Trou du Glaz - 12 août 1962 - Document
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== Articles de presse ==
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1962-08-12_Trou du Glaz-01.jpg|Trou du Glaz - 12 août 1962 - Article de presse
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1962-08-12_Trou du Glaz-02.jpg|Trou du Glaz - 12 août 1962 - Article de presse
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1962-08-12_Trou du Glaz-03.jpg|Trou du Glaz - 12 août 1962 - Article de presse
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1962-08-12_Trou du Glaz-04.jpg|Trou du Glaz - 12 août 1962 - Article de presse
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1962-08-12_Trou du Glaz-05.jpg|Trou du Glaz - 12 août 1962 - Article de presse
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== Sources ==
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# Le témoignage de François THIERRY.
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# Baudouin LISMONDE -  La Dent de Crolles et son réseau souterrain, Comité Départemental de Spéléologie de l'Isère, (1997).
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# Le site internet Jura Spéléo http://juraspeleo.ffspeleo.fr/docu/photos/archives/1962/62_08.htm
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== Notes et références ==
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=== Références ===
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<references/>
  
  
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[[Category:Isère]]
 
[[Category:Isère]]
 
[[Category:Trou du Glaz]]
 
[[Category:Trou du Glaz]]
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[[Catégorie:3SI-Chute pierre-bloc]]
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[[Catégorie:3SI-Dcd]]

Version actuelle datée du 25 janvier 2021 à 17:16

Trou du Glaz
12 août 1962
Année 1962
Date 12/08/1962
Massif Chartreuse
Département Isère
Nombre de Victimes 1
Durée Inconnue
Nombre de Sauveteurs Inconnu

Le contexte

Jean-Paul D., Gilles B., Philippe C., Bernard M., Fernand et Jacques P., et Jean Claude F. s'engagent dans le réseau de la Dent de Crolles par le Trou du Glaz en 3 équipes. Bernard M. chute alors qu'il remonte un puits, certainement emporté par un bloc de 50 kg détaché de la paroi. Il meurt sur le coup.

Les 6 autres membres du groupe sortent et donnent l'alerte. Les valentinois sont prévenus. Ils viennent aider leurs amis isérois menés par Jean Jacques GARNIER, tout comme les lyonnais. Ne pouvant sortir le corps par le Trou du Glaz, les sauveteurs vont essayer de rejoindre le Guiers Mort avec lequel la jonction n'est pas encore réalisée. Elle sera effective le 14 août. Hélas, le gabarit des galeries ne permet pas une évacuation du corps.


La famille et les autorités autorisent l'inhumation dans la cavité. Les amis de Bernard choisissent une galerie borgne vers le Métro. Elle est obstruée après la dépose du corps. La dépouille est transportée jusqu'à la tombe. Une cérémonie est organisée sous terre le 18 août.

Une plaque est apposée portant la mention " Ici repose Bernard M., 18 ans, mort en exploration le 12 août 1962. Il repose dans la paix du Seigneur ".

Les sauveteurs engagés

Ont notamment participé à cette opération :

  • Spéléo Club de Lyon : Michel LETRÔNE, Jean-Claude FRACHON, Gilles BABENKO, Jean-Paul DOTTO et Philippe CHABAUD.
  • Clan des Tritons : Hubert COURTOIS, Marcel RENAUD.
  • Groupe spéléologique valentinois : Jean-Jacques GARNIER, Jean BONNET, Claude POMMIER, Paul CABAILLOT et Gérard BUCHOTLZER.
  • Maison des jeunes de Romans : Charles-Noël MARTIN, Bruno et Christian GATHIER.
  • Ours du Glandasse : François ACHARD.
  • Section spéléologie du CAF de Grenoble : François THIERRY et Aldo SILLANOLI.
  • d'autres isérois : Fernand et Jacques PETZL, André FOURNIER et biens d'autres.

C'est certainement suite à cette opération que Fernand PETZL ressent la nécessité de mettre en place une organisation dédiée au secours en spéléologie.

Témoignages

Raymond Maho

Raymond MAHO raconte [1] :

« Lundi, 13 août 1962, nous apprenons une terrible nouvelle, un spéléo lyonnais est mort en exploration dans le réseau de la Dent de Crolles le dimanche 12 août 1962 dans le secteur du métro. Bernard Moulin et Jean-Claude Frachon descendent un puits de soixante-cinq mètres et explorent un méandre sur environ deux cent cinquante mètres, ils s’arrêtent sur un rétrécissement. De retour, ils remontent le puits à l’échelle sur une vingtaine de mètres jusqu'à une vire, assurés d’en haut par leur collègue. Bernard repart et monte de plusieurs mètres lorsqu'une chute de pierres dont un bloc d’une cinquantaine de kilos sectionne la corde d’assurance, écrase plusieurs barreaux ainsi que le câble de l’échelle et entraîne Bernard Moulin dans sa chute. Il rebondit sur la vire aux pieds de Frachon et s’écrase vingt mètres plus bas.

L’équipe ressort donner l’alerte. Mardi 14 août, Michel Letrône et plusieurs de ses collègues rejoignent le corps de leur ami et cherchent une issue en reprenant l’exploration du méandre. Ils trouvent un passage qui les ramène dans une partie connue du réseau et ressortent par la grotte du Guiers-Mort. Malheureusement, l’étroitesse du méandre ne permet pas le passage du corps de Bernard. Quelques membres du SGCAF sont présents dont Aldo Sillanoli et François Thierry. Letrône retourne dans la cavité avec Aldo pour lui montrer le chemin à suivre pour atteindre le méandre. Le mercredi 15 aout, des équipes formées de Lyonnais, Valentinois et Grenoblois, cherchent un parcours qui permettrait de ressortir le corps du jeune lyonnais à la surface. C’est malheureusement impossible sans prendre des risques énormes pour les sauveteurs.

La décision est donc prise de l’inhumer dans la cavité avec l’accord de ses parents. Le 18 août 1962, je fais partie d’une équipe d’une dizaine de membres chargée de cette douloureuse opération. Nous pénétrons par le Guiers-Mort et atteignons la base du grand puits où repose le corps du spéléo en passant par le méandre exploré quelques jours auparavant dans lequel les éléments de la perche Barnaud passent difficilement. Des photos du corps sont prises pour les autorités. Puis, nous le remontons au sommet du puits où nous l’inhumons dans une petite galerie sans issue que nous colmatons avec des blocs. Nous y déposons une croix faite de deux stalactites et une plaque sur laquelle est inscrit " Ici repose Bernard Moulin, 18 ans, mort en exploration le 12 août 1962. Il repose dans la paix du seigneur ".

Nous avons passé dix-huit heures sous terre. J’ai seize ans et cette expédition restera gravée dans ma mémoire. »

Michel Letrône

« Fernand Petzl et son fils Jacques sont venus nous rejoindre. Le vieux est en forme. Il a très envie de voir le métro (découvert quelques jours avant) avec un peu de jalousie de ne pas l’avoir trouvé avant nous il y a 15 ans. Moi je descends à Grenoble chercher André Fournier à la gare à midi. Pour éviter les embouteillages dans les puits, ils partent en trois équipes. Bernard Moulin et Jacques Petzl entrent à 9 heures et vont au métro en équipant les puits Fournier et Frachon qui sont plus faciles que les puits Fourquet et Letrône que j’ai d’ailleurs déséquipés vendredi dernier avec le Frach. Ils doivent numéroter les galeries du Métro et se rendre au grand puits de 65 mètres. Là ils attendront la seconde équipe, Frachon et Dotto qui entrent une heure plus tard. Leur mission est de faire la topo depuis le bas du puits du Cerf en situant les galeries numérotées.

La troisième équipe rentre à 11 heures avec Fernand, Gilles et Philippe. Objectif : explorer et topographier les galeries de fuite du métro. Ils vont découvrir un grand puits qu’ils équipent de 40 mètres, ce sera le puits Babenko. Moulin et Frachon descendent le puits jusqu’au fond. Jacques Petzl et Dotto s’installent au ressaut de -35 et attendent. Bernard et Jean-Claude partent dans le méandre que j’avais reconnu, dépassent la base des puits et explorent environ 250m de méandre. Ils sont arrêtés par un rétrécissement du méandre et la disparition du courant d’air. Retour au bas du puits, Bernard monte une dizaine de mètres, Jean-Claude le rejoint. Jacques et Jean-Paul assurent depuis le haut.

Bernard monte de 20m et se repose pendant que Jean-Claude le rejoint. Bernard repart, monte d’environ 5m et soudain, un bruit terrifiant de chute : Bernard tombe aux pieds de Jean-Claude avec des rochers, rebondit sur le relais et se fracasse 20m plus bas. Consternation, silence de mort. Jean-Claude n’a rien, il appelle Bernard. Aucune réponse, silence complet. Là-haut, Jacques qui assurait Bernard avec Jean-Paul a entendu le cri de Bernard et les bruits de chute de pierre en constatant que la corde d’assurance était soudain devenue libre. De sa plate-forme, Jean-Claude voit que les échelles sont gravement endommagées en-dessous de lui.

Il demande à Jean-Paul d’aller chercher Fernand, Gilles et Philippe dans le métro et à Jacques de remonter la corde pour vérifier si elle n’est pas abîmée plus haut avant de remonter. Fernand arrive, rééquipe le puits et descend auprès de Bernard Moulin. Il a cessé de vivre, il a vraisemblablement été tué sur le coup. La corde d’assurance est cisaillée à un mètre au-dessus de lui. Sur 20 mètres, Les câbles de l’échelle sont presque coupés en 4 endroits et trois barreaux complètement écrasés. Un bloc de pierre de 50kg couvert d’impacts semble être le responsable. Apparemment, un des barreaux de l’échelle au-dessus de lui a décroché le bloc.

Il n’y avait dans l’immédiat plus rien à faire pour Bernard et ils décident sagement de ressortir. Ils sont à l’entrée à 5H30 après 29 heures passées sous terre.

Au col des Ayes avec André nous avons très mal dormi. Qu’ont-ils découvert ? Ils sont bien longs à rentrer ! Souvent nous regardons là-haut pour voir si les lumières arrivent. Le jour va se lever, il fait encore sombre, André me dit : « les voilà ». Ouf, ça va mieux !

Nous comptons les lumières, il n’y en a que six. L’un d’eux doit être en panne... Mais ils approchent, il fait plus clair. Ils sont bien six au lieu de sept. C’est Philippe qui arrive le premier.

Ça va Philippe ? Oui ça va !

Qui est en retard ? C’est Bernard !

Ou est-il ? Dedans !

Les autres arrivent en silence. ; Je comprends. Choc !

...Les gendarmes demandent par où ressortir le corps ! Voilà le problème impossible par le méandre Guillemin. Par le Guiers peut-être, c’est une possibilité mais nous ne l’avons pas encore trouvée. Nos amis valentinois vont nous aider à la chercher.

...Les spéléos cherchent le Guiers Mort et rencontrent dans la grande salle François Thierry , Aldo Sillanoli et deux autres. Aldo et Thierry vont aller jusqu'au bas du puits Moulin pour se rendre compte des difficultés pour sortir le corps par cette jonction. Il me semble que ce n’est pas possible. Conseil de guerre avec les grenoblois, les valentinois, les lyonnais : on ne peut sortir le corps par la galerie de la solidarité. D'autres recherches s’effectuent dans le réseau, et il faut se rendre à l’évidence : ce n’est pas possible.

En accord avec les parents, les autorités civiles et judiciaires, il est décidé d’inhumer Bernard dans le métro. Nous procéderons à cette cérémonie le 18 août.

Il est déposé dans une petite galerie sans issue, l’entrée est obstruée de gros blocs. Nous dressons une croix en stalactites et déposons son casque et sa lampe. Sur une plaque inaltérable : ici repose Bernard Moulin mort en exploration le 12 août 1962, il repose dans la paix du seigneur. »

Epilogue

Dans sa lettre datée du 25 août 1962, Le père de Bernard M. remercie les sauveteurs et exprime son souhait de voir la dépouille de son fils revenir à la surface.

Il souhaite aussi que « la mémoire de son fils donne à tous la volonté de faire encore de nobles et belles choses dans cette spéléologie qu'il aimait tant ».

C'est avec étonnement que nous n'avons pas trouvé cette opération dans la liste laissée par Fernand PETZL.

Documents

Articles de presse

Sources

  1. Le témoignage de François THIERRY.
  2. Baudouin LISMONDE - La Dent de Crolles et son réseau souterrain, Comité Départemental de Spéléologie de l'Isère, (1997).
  3. Le site internet Jura Spéléo http://juraspeleo.ffspeleo.fr/docu/photos/archives/1962/62_08.htm


Notes et références

Références

  1. Raymond MAHO - J'ai marché sous la Terre, Autres Talents, (2017)