2014-07-22 : Cuves de Sassenage : Différence entre versions

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Version actuelle datée du 29 janvier 2021 à 02:11

Cuves de Sassenage
22 juillet 2014
Année 2014
Date 22/07/2014
Massif Vercors
Département Isère
Nombre de Victimes 8
Durée 12-24h
Nombre de Sauveteurs 21

Lundi 21 juillet, 8 personnes membres d'une expédition organisée autour du Gouffre Berger, ne pouvant pas pénétrer dans ce dernier, décident de visiter les Cuves de Sassenage. L'équipe est composée de Rémy L., Isabelle T., Olivier V., Denis P., Laurent P., Sébastien D., Maria C. et André D.. Étant donné les conditions météorologiques, ils prennent conseil auprès de deux spéléologues de la région qui leur disent que, d'après eux, il n'y a pas de risque. L'un d'eux va prendre le badge d'accès et va leur ouvrir la porte.

Leur objectif est d'aller le plus loin possible vers le fond. Arrivés au quart du trajet aller, ils décident d'aller voir la Galerie Ouest, belle galerie rectiligne et très haute de plafond. Ils y découvrent de la mousse de crue au plafond, ce qui les inquiète. Ils décident alors que continuer n'est pas raisonnable et font demi-tour. Sur leur trajet de retour, à chaque fois qu'ils rencontrent des arrivées d'eau, ils constatent que ces dernières sont beaucoup plus actives qu'à l'aller. Ils prennent alors conscience qu'un régime de crue est en cours d'installation dans la cavité et pressent le pas pour tenter de sortir avant que la galerie des Enfers ne devienne impraticable.

Ils arrivent à cette dernière vers 16h00. Ils constatent que la progression est impossible. Ils sont piégés. Pendant ce temps-là, les deux spéléologues qui leur ont dit qu'ils pouvaient y aller se rendent compte que la cavité entre en crue. L'un d'eux, Pierre M., appelle François DE FELIX, Conseiller Technique Adjoint, (CTA) à 16h45 pour faire part de son inquiétude. Les Enfers semblent alors encore praticables. Pierre M. va chercher un téléphone filaire et tenter de l'installer de part et d'autre des Enfers. Quand il arrive de nouveau devant les Enfers, il est trop tard car la galerie est devenue impraticable.

Pendant ce temps, François de FELIX a contacté Thierry LARRIBE, Conseiller Technique Départemental (CTD). Le constat est sans appel : tant que la décrue ne s'amorce pas, on ne pourra rien faire. Les spéléologues sont aguerris, ils savent comment attendre. Même s'ils n'avaient pas de quoi se réchauffer, ils auront trouvé du matériel dans la salle terminale de la partie touristique. Si la décrue a lieu dans la nuit, ils sortiront par leurs propres moyens.

Les Conseillers Techniques du plateau du Vercors sont contactés. Ils confirment qu'il a plu dans la journée et la soirée. À 23h30 les Enfers siphonnent, c'est à dire que l'intégralité de la galerie est remplie d'eau avec un fort courant. Le lendemain matin vers 7h00, les Enfers sont encore pleins d'eau. Mais on découvre proche de l'entrée un bâton luminescent encore allumé. Il s'agit probablement du matériel laissé dans la salle Saint Bruno par le personnel de la partie touristique. C'est donc probablement un des 8 spéléologues qui l'a envoyé. Le groupe, ou du moins une partie, est donc très probablement juste derrière les Enfers.

Vers 8h00, les informations sur la pluviométrie dans le Vercors laissent à penser qu'une fenêtre météo pourrait engendrer une décrue partielle ou totale de la galerie en fin de matinée, début d'après-midi. N'ayant pas de nouvelles des disparus et les Enfers étant toujours impraticables. La décision est prise de contacter les autorités préfectorales en proposant 2 solutions :

  • La première, envoyer une équipe très qualifiée, dès que le niveau d'eau le permettra. Cette équipe devra équiper une main courante au plafond tout en progressant dans la galerie partiellement inondée et une fois le contact établi avec les victimes, nous tenir au courant par radio pour envisager une évacuation en sécurité grâce à la main courante.
  • La seconde, surveiller de près la décrue et attendre.

À 9h15, le Directeur de Cabinet du Préfet confirme le déclenchement du plan de secours et sa préférence pour la première option. Thierry LARRIBE se rend sur place très vite pendant que François de FELIX recense les moyens disponibles. On cherche des sauveteurs capables d'affronter une crue. Ils ne sont pas très nombreux. Mais très vite une équipe très compétente est trouvée et s'achemine sur les lieux. Le CODIS nous donne alors les effectifs GRIMP, CRS et PGHM. Tout le monde sera sur place entre 10h00 et 10h30 permettant d'engager une première équipe à 10h30 avec pour mission, la surveillance du niveau des eaux devant la galerie des Enfers et la pose d'un poste de radio Nicola.

À 10h45 la radio est installée. La galerie des Enfers est alors intégralement remplie d'eau. Mais 30 minutes plus tard, ils constatent une très légère décrue (3 cm) qui s'accélère par la suite. Un second bâton lumineux est découvert dans la zone d'entrée. L'ADRASEC 38 arrive sur place et met en place des communications entre l'entrée de la grotte et le PC plus efficaces que celles mises en place avec les moyens de la 3SI.

À 12h10 la décrue se confirme. Ordre est donné à tout le monde de descendre au PC. Thierry LARRIBE explique ce qu'il attend des équipes, en particulier de l'équipe de pointe qui devra gérer la progression dans l'eau avec un fort courant tout en installant une main courante au plafond. Il est rappelé que faire demi-tour est toujours préférable à la prise de risque inconsidérée. 2 équipes de support sont constituées, elles devront, à l'aide de la main courante, très vite rejoindre l'équipe de pointe pour fournir du matériel supplémentaire si nécessaire et apporter de quoi réchauffer les victimes après le contact si besoin.

À 12H45 les 3 équipent partent. L'équipe de tête avance avec difficulté (30mn pour 50m) et déploie 2 cordes au plafond de la galerie. La première est celle qui assure l'équipier de tête, elle est fixée à la paroi par des chevilles posées à l'aide d'un perforateur. 2 équipiers aident le premier à se maintenir en équilibre. Cette première corde n'est pas nouée dans les ancrages mais passe juste dans des mousquetons permettant à celui de tête de progresser plus facilement tout en étant assuré. En cas de chute dans l'eau, il risque néanmoins de parcourir le double de la distance qui le sépare du dernier point posé avant d'être stoppé par la corde. La deuxième corde est nouée dans les points d'ancrage et permet aux autres membres de l'équipe de progresser en sécurité. Au moment où l'équipe s'engage dans la galerie, elle affronte un débit d'au moins 800l/s à 1m3/s, ce qui est relativement important et gêne énormément la progression.

Les spéléologues en détresse étaient bien juste derrière la galerie des Enfers, au sommet d'un escalier qu'ils jugeaient avec raison impraticable, au lieu-dit « le boudoir des fées ». Dans un premier temps, l'équipe de pointe renonce à passer, compte tenu du débit puis décide de tenter une escalade permettant ainsi de faire le contact et de relayer l'information comme quoi tout le monde va bien. Finalement, à 14h25, un contact visuel et aux cris est établi entre l'équipe de pointe et les victimes. Un escalier transformé en cascade les sépare. Une fois cet obstacle franchi, l'équipe de pointe indique que les 8 spéléologues vont bien, malgré la fatigue et le froid. Ils sont dans la salle dite du Parloir des Fées. Le niveau d'eau dans les Enfers ayant continué à descendre, l'ordre est donné de procéder à l'évacuation qui débute à 14h47.

À 15h20, les 8 spéléos bloqués depuis 16h la veille sortent. Il reste 4 sauveteurs sous terre qui progressent plus lentement pour déséquiper la galerie des Enfers. Tout le monde est dehors avant 16 heures.

Sauveteurs engagés

Sont intervenus sur cette opération :

3SI
Tristan GODET Lionel REVIL Pascal GUINARD Barnabé FOURGOUS
Pascal ORCHAMPT Kevin EVEN Thierry LARRIBE François DE FELIX
Florian PIAT Martine GAZELLE Ysabelle THOMAS Élise DUBOUIS (à domicile)
GRIMP
Xavier DUCLOS Jérôme ROBERT Bertrand PETIT
Benjamin GADAL Jean-Pierre LEGER Sylvain RENARD
CRS ALPES
Denis MAYOUSSE Nicolas REVELLO
PGHM38
Matthieu GERVAISE