1963-06-03 : Goule de Foussoubie : Différence entre versions

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Les équipes dirigées par Charles SCHAFFRAN, un spéléologue, arrivent enfin à pénétrer dans la cavité et à progresser malgré un courant qui demeure très fort. Le 7 juin, trois spéléologues, que la presse qualifie désormais « d'engloutis de la Pentecôte » ressortent vivants.
 
Les équipes dirigées par Charles SCHAFFRAN, un spéléologue, arrivent enfin à pénétrer dans la cavité et à progresser malgré un courant qui demeure très fort. Le 7 juin, trois spéléologues, que la presse qualifie désormais « d'engloutis de la Pentecôte » ressortent vivants.
  
C'est seulement le 17 juin, soit 14 jours après l'accident, après 12 heures d'efforts, que les sauveteurs ardéchois, lyonnais et grenoblois, accompagnés d'Émile CHEILLETZ sortent les corps. Jean LAVIGNE dirige l'équipe grenobloise. Michel LETRÔNE est à la tête des lyonnais dont Pierre RIAS fait partie.
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C'est seulement le 17 juin, soit 14 jours après l'accident, après 12 heures d'efforts, que les sauveteurs ardéchois, lyonnais et grenoblois, accompagnés d'Émile CHEILLETZ sortent les deux corps. Jean LAVIGNE dirige l'équipe grenobloise. Michel LETRÔNE est à la tête des lyonnais dont Pierre RIAS fait partie.
  
 
Selon les notes de Fernand PETZL, l'équipe grenobloise était composée de 15 sauveteurs au maximum.  
 
Selon les notes de Fernand PETZL, l'équipe grenobloise était composée de 15 sauveteurs au maximum.  
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''Quand nous sommes arrivés sur les lieux, nous avons été impressionnés par les gros travaux réalisés : barrage pour stocker l’eau et pompage pour la rejeter ailleurs. Il y avait pas mal d’officiels ; représentant du Préfet, gendarmes, pompiers... et les consignes étaient claires : sécurité des secouristes avant tout. Il y avait obligation de tirer une ligne téléphonique.''
 
''Quand nous sommes arrivés sur les lieux, nous avons été impressionnés par les gros travaux réalisés : barrage pour stocker l’eau et pompage pour la rejeter ailleurs. Il y avait pas mal d’officiels ; représentant du Préfet, gendarmes, pompiers... et les consignes étaient claires : sécurité des secouristes avant tout. Il y avait obligation de tirer une ligne téléphonique.''
  
''On a été les premiers à descendre dans la Goule et après les petits ressauts et le méandre on est vite arrivés au lac. Dans une marmite, juste avant le lac, le corps de Jean était coincé à 45° la tête en bas. Avec un peu de difficulté, en tirant sur les jambes, nous sommes parvenus à l’extraire. Nous avions descendu avec nous une perche Barnaud et un sac pour placer le corps que nous avons ficelé sur la perche. La ligne téléphonique ne fonctionnait pas, on l’a ignorée.... Et on a eu plus tard quelques reproches à ce sujet !''
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''On a été les premiers à descendre dans la Goule et après les petits ressauts et le méandre on est vite arrivé au lac. Dans une marmite, juste avant le lac, le corps de Jean était coincé à 45° la tête en bas. Avec un peu de difficulté, en tirant sur les jambes, nous sommes parvenus à l’extraire. Nous avions descendu avec nous une perche Barnaud et un sac pour placer le corps que nous avons ficelé sur la perche. La ligne téléphonique ne fonctionnait pas, on l’a ignorée... Et on a eu plus tard quelques reproches à ce sujet !''
  
''La remontée n’a pas toujours été facile dans le méandre, car il fallait parfois placer la perche en position verticale, mais on est arrivés au bas des ressauts et le corps de Jean a vite retrouvé la surface. Le corps de Bernard Raffy, qui avait été déposé sur une corniche au-dessus de la rivière, a été sorti un peu plus tard.''
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''La remontée n’a pas toujours été facile dans le méandre, car il fallait parfois placer la perche en position verticale, mais on est arrivé au bas des ressauts et le corps de Jean a vite retrouvé la surface. Le corps de Bernard Raffy, qui avait été déposé sur une corniche au-dessus de la rivière, a été sorti un peu plus tard.''
  
 
''J’avais été un peu choqué de voir les corps entièrement dénudés de nos deux collègues, exposés à la vue de tous, sous le toit d’une grande tente. C’était sans doute nécessaire pour les constats officiels ! Cette opération de secours s’était bien déroulée, avec un nombre de spéléos suffisant et pas en surnombre. Pour les familles et les camarades du groupe Vulcain, nous avions le sentiment du devoir accompli.'' »
 
''J’avais été un peu choqué de voir les corps entièrement dénudés de nos deux collègues, exposés à la vue de tous, sous le toit d’une grande tente. C’était sans doute nécessaire pour les constats officiels ! Cette opération de secours s’était bien déroulée, avec un nombre de spéléos suffisant et pas en surnombre. Pour les familles et les camarades du groupe Vulcain, nous avions le sentiment du devoir accompli.'' »
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Un gouffre, longtemps record du monde de profondeur, portera le nom de Jean Bernard en hommage aux disparus.
 
Un gouffre, longtemps record du monde de profondeur, portera le nom de Jean Bernard en hommage aux disparus.
  
Si [[1962-08-12 : Trou du Glaz|l'opération de 1962 à la Dent de Crolles]] a incité Fernand PETZL à structurer les secours spéléologiques en Isère, l'opération de Foussoubie va provoquer une prise de conscience en Rhône Alpes et aboutira in fine à la création d'une structure régionale.
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Si [[1962-08-12 : Trou du Glaz|l'opération de 1962 à la Dent de Crolles]] a incité Fernand PETZL à structurer les secours spéléologiques en Isère, l'opération de Foussoubie va provoquer une prise de conscience en Rhône Alpes et aboutira ''in fine'' à la création d'une structure régionale.
  
 
== Articles de presse ==
 
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Version actuelle datée du 25 janvier 2021 à 17:26

Goule de Foussoubie
03 juin 1963
Année 1963
Date 03/06/1963
Massif Gorges de l'Ardèche
Département Ardèche
Nombre de Victimes 5
Durée Plus de 4 jours
Nombre de Sauveteurs Moins de 15

Le contexte

Le 2 juin au matin, 5 membres du groupe des Vulcains : Émile C., Jacques D., Alain B., Jean D. et Bernard R. entrent dans la goule de Foussoubie. Ils devaient ressortir le lendemain vers midi. À 22 heures, sans nouvelle d'eux et alors que des pluies torrentielles s'abattent sur l'Ardèche, leurs proches donnent l'alerte.

Une opération de sauvetage de grande envergure est lancée, mais il est impossible pour quiconque d'entrer dans la cavité dont l'entrée est totalement inondée. Les pluies diluviennes tombent sans discontinuer sur le sud ardéchois jusqu'au 5. Pompiers, sauveteurs spéléologues et gendarmes sont mobilisés.

Jacques N., victime l'année précédente d'une chute dans cette même cavité, se met à disposition des autorités car il connaît parfaitement la goule de Foussoubie. Des pompes sont mises en action et malgré les 1 500 m³ extraits toutes les heures, le niveau ne baisse pas. Un barrage détournant les eaux est érigé en amont de l'entrée de la goule et entraîne immédiatement la baisse du débit dans la cavité. Des messages de soutien gravés sur des planchettes et des vivres sont lancés dans la rivière souterraine.

Les équipes dirigées par Charles SCHAFFRAN, un spéléologue, arrivent enfin à pénétrer dans la cavité et à progresser malgré un courant qui demeure très fort. Le 7 juin, trois spéléologues, que la presse qualifie désormais « d'engloutis de la Pentecôte » ressortent vivants.

C'est seulement le 17 juin, soit 14 jours après l'accident, après 12 heures d'efforts, que les sauveteurs ardéchois, lyonnais et grenoblois, accompagnés d'Émile CHEILLETZ sortent les deux corps. Jean LAVIGNE dirige l'équipe grenobloise. Michel LETRÔNE est à la tête des lyonnais dont Pierre RIAS fait partie.

Selon les notes de Fernand PETZL, l'équipe grenobloise était composée de 15 sauveteurs au maximum.

750 Francs de vacations ont été comptabilisés, ainsi que 800 Francs de frais de repas.

Témoignages

Raymond Maho

Raymond MAHO, qui n'a pas participé à l'opération, raconte [1] :

« Le dimanche 3 juin 1963, cinq spéléos expérimentés pénètrent dans la Goule de Foussoubie dans la commune de la Bastide de Virac en Ardèche. Ils doivent en ressortir lundi midi maximum. Une pluie torrentielle s’abat sur la région dans la nuit de dimanche à lundi. À 22 heures le lundi, ils ne sont pas ressortis. L’alerte est déclenchée et les opérations commencent vers 5 heures du matin. Le niveau des eaux empêche toute pénétration dans la Goule (300 l/s lundi, 3000 l/s le mardi après-midi).

Le 6 juin, le plan ORSEC est déclenché. Cinquante bidons étanches contenant vivres, éclairages et messages sont largués dans le courant. Des pompes essaient de diminuer le débit du torrent qui se précipite dans la grotte. Un barrage a été édifié.

Le 7 juin, la décrue commence. Le 8 juin, trois spéléos vivants sont retrouvés et évacués. Le 18 juin, une expédition pénètre dans la Goule pour retrouver les deux spéléos manquants. Leurs corps sont remontés en surface.

Parmi les nombreux sauveteurs, Jean Lavigne et Aldo Silanolli du Sgcaf. Aldo participe à la recherche et à la remontée des corps. Il en revient particulièrement éprouvé. »

Maurice Chazalet

Maurice CHAZALET, sauveteur lyonnais, a accepté de nous livrer son témoignage :

« Nous avions été réquisitionnés, Hubert Courtois et moi, pour aller rechercher les corps de Jean Dupont et Bernard Raffy, décédés en exploration dans la Goule une quinzaine de jours auparavant. Comme tous les spéléos, nous avions suivi les difficultés et les gros moyens mis en œuvre pour le sauvetage des 5 spéléos du groupe Vulcain piégés par des pluies et une crue exceptionnelle du torrent.

Quand nous sommes arrivés sur les lieux, nous avons été impressionnés par les gros travaux réalisés : barrage pour stocker l’eau et pompage pour la rejeter ailleurs. Il y avait pas mal d’officiels ; représentant du Préfet, gendarmes, pompiers... et les consignes étaient claires : sécurité des secouristes avant tout. Il y avait obligation de tirer une ligne téléphonique.

On a été les premiers à descendre dans la Goule et après les petits ressauts et le méandre on est vite arrivé au lac. Dans une marmite, juste avant le lac, le corps de Jean était coincé à 45° la tête en bas. Avec un peu de difficulté, en tirant sur les jambes, nous sommes parvenus à l’extraire. Nous avions descendu avec nous une perche Barnaud et un sac pour placer le corps que nous avons ficelé sur la perche. La ligne téléphonique ne fonctionnait pas, on l’a ignorée... Et on a eu plus tard quelques reproches à ce sujet !

La remontée n’a pas toujours été facile dans le méandre, car il fallait parfois placer la perche en position verticale, mais on est arrivé au bas des ressauts et le corps de Jean a vite retrouvé la surface. Le corps de Bernard Raffy, qui avait été déposé sur une corniche au-dessus de la rivière, a été sorti un peu plus tard.

J’avais été un peu choqué de voir les corps entièrement dénudés de nos deux collègues, exposés à la vue de tous, sous le toit d’une grande tente. C’était sans doute nécessaire pour les constats officiels ! Cette opération de secours s’était bien déroulée, avec un nombre de spéléos suffisant et pas en surnombre. Pour les familles et les camarades du groupe Vulcain, nous avions le sentiment du devoir accompli. »

Épilogue

Un gouffre, longtemps record du monde de profondeur, portera le nom de Jean Bernard en hommage aux disparus.

Si l'opération de 1962 à la Dent de Crolles a incité Fernand PETZL à structurer les secours spéléologiques en Isère, l'opération de Foussoubie va provoquer une prise de conscience en Rhône Alpes et aboutira in fine à la création d'une structure régionale.

Articles de presse

Sources

  1. Le Progrès de Lyon des 4, 5, 6, 7, 8, 11, 18 et 19 juin 1963.
  2. Le Midi Libre des 5, 6, 7, 8, 9 et 19 juin 1963.
  3. Le Dauphiné libéré du 3 juin 2013.

Notes et références

Références

  1. Raymond MAHO - J'ai marché sous la Terre, Autres Talents, (2017)