1993-09-12 : Trou qui Souffle : Différence entre versions

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Le mardi 14, vers 1h00, un point est fait avec les équipes d'artificiers sortantes. Il apparaît que la cavité est enfumée, en grande partie à cause des perforateurs thermiques utilisés pour l'élargissement du méandre. À 8h10, il est décidé de faire monter du matériel de désenfumage et de n'utiliser que des perforateurs électriques. Des artificiers paraissent incommodés par les gaz. Ils sortent de la cavité et sont envoyés vers un cabinet médical ou le SAMU 38 pour des prélèvements sanguins. À 11h00, le matériel de désenfumage du SDIS est installé et opérationnel.  
 
Le mardi 14, vers 1h00, un point est fait avec les équipes d'artificiers sortantes. Il apparaît que la cavité est enfumée, en grande partie à cause des perforateurs thermiques utilisés pour l'élargissement du méandre. À 8h10, il est décidé de faire monter du matériel de désenfumage et de n'utiliser que des perforateurs électriques. Des artificiers paraissent incommodés par les gaz. Ils sortent de la cavité et sont envoyés vers un cabinet médical ou le SAMU 38 pour des prélèvements sanguins. À 11h00, le matériel de désenfumage du SDIS est installé et opérationnel.  
  
À 14h00, l'amélioration de la qualité de l'air sous terre permet d'engager 4 nouvelles équipes d'artificiers. À 17h54, Jean BLANCHARD est engagé pour relever le médecin se trouvant auprès du blessé. À 0h15, le mercredi 15 septembre, pour faire face à la hausse de la consommation électricité due à l'arrêt des machines thermiques, un groupe électrogène plus puissant est installé. Les dernières équipes de brancardage sont acheminées sur Méaudre.  
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À 14h00, l'amélioration de la qualité de l'air sous terre permet d'engager 4 nouvelles équipes d'artificiers. À 17h54, Jean BLANCHARD est engagé pour relever le médecin se trouvant auprès du blessé. À 0h15, le mercredi 15 septembre, pour faire face à la hausse de la consommation d'électricité due à l'arrêt des machines thermiques, un groupe électrogène plus puissant est installé. Les dernières équipes de brancardage sont acheminées sur Méaudre.  
  
 
Les tirs se terminent à 9h25, permettant l'engagement de 55 sauveteurs pour l’évacuation qui débute à 12h24 et s’achève à 20h20. L'opération prend fin à minuit.
 
Les tirs se terminent à 9h25, permettant l'engagement de 55 sauveteurs pour l’évacuation qui débute à 12h24 et s’achève à 20h20. L'opération prend fin à minuit.
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''C'est un secours qui s'est effectué avec beaucoup de solidarité, et les médias très à notre écoute réussirent à transcrire ce sentiment dans la presse, dans les journaux télévisés ou radio. Aussi, quand une équipe de France 3 nous demanda s’ils pouvaient filmer sous terre, Bébert, après avoir pris les autorisations auprès des parents d'Olivier et de lui-même, donna son accord. Et voici une équipe de deux spéléos qui équipe succinctement le preneur de son et le cameraman et vont les installer avec une corde au sommet du premier puits. Ils resteront environ 3 heures sur la corde avant de pouvoir sortir de la cavité. Mais il faut avouer que les images rapportées restituaient bien l'ambiance de ce secours.''
 
''C'est un secours qui s'est effectué avec beaucoup de solidarité, et les médias très à notre écoute réussirent à transcrire ce sentiment dans la presse, dans les journaux télévisés ou radio. Aussi, quand une équipe de France 3 nous demanda s’ils pouvaient filmer sous terre, Bébert, après avoir pris les autorisations auprès des parents d'Olivier et de lui-même, donna son accord. Et voici une équipe de deux spéléos qui équipe succinctement le preneur de son et le cameraman et vont les installer avec une corde au sommet du premier puits. Ils resteront environ 3 heures sur la corde avant de pouvoir sortir de la cavité. Mais il faut avouer que les images rapportées restituaient bien l'ambiance de ce secours.''
  
''Le plus surprenant, ce fut les cris de joie et les hourras qui accompagnèrent la sortie d'Olivier. Je les entends encore et dans des circonstances comme celle-ci, cet enthousiasme réchauffe le cœur. »''
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''Le plus surprenant, ce fut les cris de joie et les hourras qui accompagnèrent la sortie d'Olivier. Je les entends encore et dans des circonstances comme celles-ci, cet enthousiasme réchauffe le cœur. »''
  
 
== Témoignage de Bernard OYHANÇABAL ==
 
== Témoignage de Bernard OYHANÇABAL ==
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''Et le travail débute, il est minuit passé. Au fil des tirs, nous progressons, et voyons passer diverses équipes : des lignards en pleine oppo dans les plafonds pour poser les lignes téléphoniques et électriques ; des équipeurs fonçant plus bas, des gens du fond qui remontent... Puis enfin, la seconde équipe de dynamiteurs. Alain Gonnet et Xavier Martin, les St-Marcellinois, vont bosser un peu plus bas que nous. Ils donneront écho à nos tirs, et vice-versa.''
 
''Et le travail débute, il est minuit passé. Au fil des tirs, nous progressons, et voyons passer diverses équipes : des lignards en pleine oppo dans les plafonds pour poser les lignes téléphoniques et électriques ; des équipeurs fonçant plus bas, des gens du fond qui remontent... Puis enfin, la seconde équipe de dynamiteurs. Alain Gonnet et Xavier Martin, les St-Marcellinois, vont bosser un peu plus bas que nous. Ils donneront écho à nos tirs, et vice-versa.''
  
La nuit commence à faire place au matin tôt, nous rejoignons les St-Marcellinois. Ils n’avancent que très lentement, la roche qu’ils rencontrent est particulièrement problématique : très hétérogène. Fichu sénonien ! Tous les défauts de la création : petits bancs, fracturation, pochages, bancs d’argile, rognons de silex. Un vrai casse-tête…
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''La nuit commence à faire place au matin tôt, nous rejoignons les St-Marcellinois. Ils n’avancent que très lentement, la roche qu’ils rencontrent est particulièrement problématique : très hétérogène. Fichu sénonien ! Tous les défauts de la création : petits bancs, fracturation, pochages, bancs d’argile, rognons de silex. Un vrai casse-tête...Nous les doublons, pour attaquer la fameuse boite aux lettres. De mémoire, je me souviens que l’on changeait de couche. Sous réserve, nous arrivons dans l’urgonien. Cela nous enchante, et entamons le long travail d’aménagement de ce passage très épuisant pour les explorateurs. Une, deux, trois volées. Et toujours aussi inconfortable !''
Nous les doublons, pour attaquer la fameuse boite aux lettres. De mémoire, je me souviens que l’on changeait de couche. Sous réserve, nous arrivons dans l’urgonien. Cela nous enchante, et entamons le long travail d’aménagement de ce passage très épuisant pour les explorateurs. Une, deux, trois volées. Et toujours aussi inconfortable !
 
« On va se faire une volée. Commence à m’énerver ce coin ! Là, 5 trous, avec deux autres là-haut… Ça va causer ! »
 
« T’excite pas, on a plus de détos. »
 
« Quoi ? On a passé les 6 litres de détos ? »
 
Et bien oui, le bidon était vide…
 
En une partie de la nuit et la matinée, tout a été consommé.
 
Nous remontons, mécontents de ne pas avoir pu terminer cet élargissement ponctuel. Mais heureux d’avoir agrandi la zone que nous traversons. Quel réseau pénible.
 
Rapidement, la fatigue se fait sentir, et les St-Marcellinois nous suivent. Eux aussi ont un cruel manque de munitions…»
 
  
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''Rapidement, la fatigue se fait sentir, et les St-Marcellinois nous suivent. Eux aussi ont un cruel manque de munitions...»''
  
 
== Épilogue ==
 
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Version actuelle datée du 31 janvier 2021 à 00:25

Trou qui Souffle
12 septembre 1993
Année 1993
Date 12/09/1993
Massif Vercors
Département Isère
Nombre de Victimes 1
Durée 4 jours
Nombre de Sauveteurs 133

Le contexte

Le dimanche 12 septembre 1993 vers 11h30, 5 spéléologues entrent dans le Trou qui Souffle. Vers 15h45, alors qu'ils se trouvent au niveau de la galerie de Pâques, Olivier H., 30 ans, fait une chute consécutive au basculement d'un des nombreux blocs qui jonchent le sol. Le bloc se retourne sur lui. Il est coincé et blessé à la cuisse. Il est rapidement dégagé par les 4 autres dont 2 secouristes qui font un premier bilan et restent auprès de lui, pendant que Christian P. et un autre remontent pour donner l'alerte.

Le blessé semble avoir une fracture du fémur avec plaie. Une fois dehors, les 2 spéléologues se dirigent vers le domicile d'Alain CAULLIREAU, spéléologue de Méaudre et futur Conseiller Technique Adjoint. C'est lui qui informe Albert OYHANÇABAL. Il est 17h55.

Aussitôt, il est convenu de lever une équipe de sauveteurs résidant dans le secteur de Méaudre, qui prendra en charge le balisage dans la cavité. Il est aussi convenu de constituer une équipe de désobstruction en vue de la sortie par la deuxième entrée du réseau, les Saints de Glace, chemin le plus court mais étroit. La préfecture, le SAMU et le CODIS sont rapidement informés. Les unités de secours en montagne sont aussi avisées.

Compte tenu de la blessure au fémur, un brancardage à l'horizontale doit être envisagé tout au long de l'évacuation. Une équipe médicale avec médecin, ambulancier et des sauveteurs aguerris part vers le blessé à 21h20. Le réseau des Saints de Glace est équipé et les premières équipes d'artificiers s'engagent vers 23h50. Elles commencent par travailler dans la trémie de la Conciergerie ainsi que dans celle du Soupirail.

Le lundi 13, à partir de 1h30, 4 équipes entament le chantier du méandre des Saints de Glace qui fait 500 m de long et qui est étroit sur de grandes longueurs. À 2h00, l'élargissement et la sécurisation des trémies de la Conciergerie et du Soupirail sont terminées. L'évacuation peut débuter. Les nouvelles du blessé sont rassurantes : blessure sans complication, bon moral. À 10h00, la trémie de la Conciergerie est déjà dépassée par le brancard et l'évacuation progresse vers le Soupirail qui est atteint vers 11h00.

Les artificiers de la nuit et l'équipe médicale sont relevés. Une deuxième vague d'équipe de désobstruction est engagée à partir de 12h30. Avec l'arrivée d'une nouvelle équipe médicale, la progression de la civière reprend et à 18h00, elle se trouve à – 176 au niveau de l'Ascenseur. Les artificiers de la journée sont relevés à 22h50.

Le mardi 14, vers 1h00, un point est fait avec les équipes d'artificiers sortantes. Il apparaît que la cavité est enfumée, en grande partie à cause des perforateurs thermiques utilisés pour l'élargissement du méandre. À 8h10, il est décidé de faire monter du matériel de désenfumage et de n'utiliser que des perforateurs électriques. Des artificiers paraissent incommodés par les gaz. Ils sortent de la cavité et sont envoyés vers un cabinet médical ou le SAMU 38 pour des prélèvements sanguins. À 11h00, le matériel de désenfumage du SDIS est installé et opérationnel.

À 14h00, l'amélioration de la qualité de l'air sous terre permet d'engager 4 nouvelles équipes d'artificiers. À 17h54, Jean BLANCHARD est engagé pour relever le médecin se trouvant auprès du blessé. À 0h15, le mercredi 15 septembre, pour faire face à la hausse de la consommation d'électricité due à l'arrêt des machines thermiques, un groupe électrogène plus puissant est installé. Les dernières équipes de brancardage sont acheminées sur Méaudre.

Les tirs se terminent à 9h25, permettant l'engagement de 55 sauveteurs pour l’évacuation qui débute à 12h24 et s’achève à 20h20. L'opération prend fin à minuit.

Sauveteurs engagés

Ont pris part à cette opération de sauvetage :

3SI
Philippe GILOTTE Eric LAROCHE- JOUBERT Brigitte de GONCOURT Laurent VAN DER PLAETSEN
Marie HERNEQUET Christophe HEMERY Éric SANSON Serge CAILLAULT
Jean-Luc MATTET Yvan PERRATONE Christophe ARNOULT Hubert DESPLANQUES
Jean-Marc LOMBARD Jean-Paul MURE-RAVAUD Christian PUISSANT-PAGANON Jean Pierre VONCENT
Alain GONNET Xavier MARTIN Yves PERRET Daniel BRUYERE
Pascal BOIRON Jean-Marc WOHLSCHLEGEL Alain CAULLIREAU Bernard OYHANÇABAL
Gilbert BOHEC Patrick GHIRARDI Fabrice ARNAUD Serge REY-GIRAUD
Laurent MINELLI Olivier KERGOMARD Philippe CAULLIREAU Claude MICHEL
Ingrid WALCKIERS Thierry GUERIN Benoît GRAUVOGEL Albert OYHANÇABAL
Nicolas RENOUD Bernard LEPRETRE Josselin VISCONTI Jean-Louis ROCOURT
Marc COTTIN Jean BRUN Jean-Pierre MERIC Marc COLLIARD
Pierre-Marie PRAL Serge SOURBES Jacques DELORS Jacques CHEVALLIER
Michel GUICHARD Lionel GUICHARD Éric ROUSSET Robert BELLEMAIN
MOMESSO Paul AUSSENAC Frédéric CORNET Noël GAUTHIER
Roland TIRARD-COLLET Michel VINCENT Roland PRIEUR-DREVON Avedis JANGOTCHIAN
Thierry HEINRICH Yvan LE GORREC Gérard COUROUBLE Alain FRANCOZ
Olivier GOLA Baudouin LISMONDE François LANDRY Christophe LEFOULON
Frédéric AITKEN Roland ASTIER Jean-Michel PETIT-LIAUDON Luc SAUVAGEON
Jean François SIEGEL Laurent BENOIST Alain MAURICE ROCCON-GEBAUD
David WOLOZAN Thierry MIGUET David ESTIENNE Jean-Baptiste BOIS
Maixent LACSA Gilles HAPPES Laurent BARNEOUD Jacques CARLES
Jean-Claude PINNA De JESUS Jacques MASSON Francis CARPENTIER
Pierre LATAPIE Yves HERVE Alfred ROLAND François BOCQUET
Michel DENIEL Pascal GRENET Yves PINARD Patrice PARENTON
SAMU38
Jean BLANCHARD CHATELARD Antoine BARRE
France ROCOURT Alain CHAULET
CRS ALPES
Christian THOMASSIN Pascal MARTEAU Marc ALMONTE
Eric CALVA Philippe CHARRETON Yves LEVEQUE
Marc SANTAMARIA Bruno VIERS Alain LOIGEROT
Marc COLLETTE Alain GARDETTE Patrick PIOVESAN
Laurent SOULIER Patrick RICHER
PGHM
Pierre NICOLET Pierre DURAND
Gérard ESPITALLIER Dany DEBOUYS
SDIS38
Robert BRUNEL Alain COSTA Michel CARLASSARE
Christophe DUSFOUR Patrick RANQUE Bernard CHENEVEZ
Fabrice BUISSON Philippe CLUZE Serge GLENAT
Hugues NOLIN RIEU TAIRRAZ
Pierre CROIZAT

Témoignage de François LANDRY

« Revenant d'une sortie de dix heures sur le massif du Parmelan, j'ai rejoint le secours le lundi matin. Connaissant tout particulièrement la cavité, Bébert me garda à côté de lui comme référent cavité et comme estafette, le téléphone n'étant pas installé à cause des tirs.

Ma première descente consista à la livraison de médicaments et d'eau que j'ai, avec bien grand mal, protégés contre des artificiers spéléos assoiffés. De retour avec une liste complémentaire de médicaments, je fis remarquer à Bébert que les gars réclamaient de l'eau. Pourtant le trou était en crue et au passage de la cascade du P6 la douche était garantie. Je proposai donc que l'on bâche la cascade et que nous approvisionnons en eau nos amis. Ce qui fut fait par une équipe promptement expédiée. L'installation de la bâche fut très réussie car elle protégeait les spéléologues des embruns de la cascade.

Entre deux points au PC, Bébert m'envoyait régulièrement sous terre pour des missions de renseignements. La plus délicate fut celle pour vérifier l'état de la cavité privée de courant d'air. Le trou était complètement gazé, et je trouve une équipe d'artificiers qui poursuivaient l'élargissement. Je leur demande de stopper et de remonter de suite. L'atmosphère était difficilement respirable, mais j’ai poursuivi ma descente pour prendre des nouvelles du blessé et de l'équipe qui l'accompagnait.

Quand j'arrive à l'ascenseur, je constate avec surprise et satisfaction qu'aucun gaz ne stagne dans le secteur. France est étonnée de me voir, et déçue car elle pensait que l'arrêt des tirs était le signe de départ. Hélas il restait encore beaucoup de zones à mettre au gabarit. Je remonte avec une liste de médicaments et une prescription à remettre à Bébert pour un contrôle des artificiers et de moi-même.

Dehors le système de désenfumage arrive. Je propose à Bébert de boucher le mieux possible l'entrée 1 du TQS avec une bâche, pour faciliter la régénération du courant d'air aux Saints de Glace. De plus nous bénéficierons d'une ventilation plus importante pour l'évacuation des gaz de tirs.

C'est un secours qui s'est effectué avec beaucoup de solidarité, et les médias très à notre écoute réussirent à transcrire ce sentiment dans la presse, dans les journaux télévisés ou radio. Aussi, quand une équipe de France 3 nous demanda s’ils pouvaient filmer sous terre, Bébert, après avoir pris les autorisations auprès des parents d'Olivier et de lui-même, donna son accord. Et voici une équipe de deux spéléos qui équipe succinctement le preneur de son et le cameraman et vont les installer avec une corde au sommet du premier puits. Ils resteront environ 3 heures sur la corde avant de pouvoir sortir de la cavité. Mais il faut avouer que les images rapportées restituaient bien l'ambiance de ce secours.

Le plus surprenant, ce fut les cris de joie et les hourras qui accompagnèrent la sortie d'Olivier. Je les entends encore et dans des circonstances comme celles-ci, cet enthousiasme réchauffe le cœur. »

Témoignage de Bernard OYHANÇABAL

« Alerté dans les premiers, je suis missionné en tant qu’artificier, partant agrandir les premières difficultés. Nous faisons équipe, Alain Caullireau et moi, et descendons juste après l’équipe médicale.

« Tu verras, c’est un méandre. Il y a quelques virages à agrandir avant une méchante boite aux lettres. » Telles sont les seules indications que nous emmenons sous terre.

« S’ils ont prononcé le mot quelques, c’est qu’on est pas encore sorti... échangeons-nous avec Alain.»

« Prenons un max de logistique, au moins on n’ira pas pour rien ».

« Tu crois ? »

Quelques instants plus tard : « Un plein bidon étanche de détonateurs, ça sera suffisant, non ? »

« Comment ? 6 litres de détos ? Oh ben vouiii... » Et nous voilà rentrant dans cette pente glissante qu’est le boyau d’entrée. Je découvre la cavité. C’est pas mon secteur, ici. Un enchaînement de petites verticales... Un fond de blocs ; donc le méandre doit débuter par là... Et au premier passage, avant ledit méandre, le kit sherpa de désobstruction ne permet pas le franchissement...

« Eh béh, ça promet... On commence les tirs ici ! »

Alain, dubitatif, se rend à l’évidence : « je ne me souvenais pas que c’était aussi étroit... »

Et le travail débute, il est minuit passé. Au fil des tirs, nous progressons, et voyons passer diverses équipes : des lignards en pleine oppo dans les plafonds pour poser les lignes téléphoniques et électriques ; des équipeurs fonçant plus bas, des gens du fond qui remontent... Puis enfin, la seconde équipe de dynamiteurs. Alain Gonnet et Xavier Martin, les St-Marcellinois, vont bosser un peu plus bas que nous. Ils donneront écho à nos tirs, et vice-versa.

La nuit commence à faire place au matin tôt, nous rejoignons les St-Marcellinois. Ils n’avancent que très lentement, la roche qu’ils rencontrent est particulièrement problématique : très hétérogène. Fichu sénonien ! Tous les défauts de la création : petits bancs, fracturation, pochages, bancs d’argile, rognons de silex. Un vrai casse-tête...Nous les doublons, pour attaquer la fameuse boite aux lettres. De mémoire, je me souviens que l’on changeait de couche. Sous réserve, nous arrivons dans l’urgonien. Cela nous enchante, et entamons le long travail d’aménagement de ce passage très épuisant pour les explorateurs. Une, deux, trois volées. Et toujours aussi inconfortable !

« On va se faire une volée. Commence à m’énerver ce coin ! Là, 5 trous, avec deux autres là-haut... Ça va causer ! »

« T’excite pas, on a plus de détos. »

« Quoi ? On a passé les 6 litres de détos ? »

Et bien oui, le bidon était vide... En une partie de la nuit et la matinée, tout a été consommé. Nous remontons, mécontents de ne pas avoir pu terminer cet élargissement ponctuel. Mais heureux d’avoir agrandi la zone que nous traversons. Quel réseau pénible.

Rapidement, la fatigue se fait sentir, et les St-Marcellinois nous suivent. Eux aussi ont un cruel manque de munitions...»

Épilogue

L'opération a duré près de 80 heures. 20 kg de Titadyne-25 et 550 détonateurs ont été utilisés. Les sauveteurs ont dû travailler dans une galerie très étroite au début (25 à 35 cm de large).

Le sauvetage a coûté 55 354, 97 Francs. Pour financer les frais engagés et en attendant une prise en charge par les autorités, la 3SI emprunte 12 756,80 Francs au CDS38. Elle signe également une reconnaissance de dette au CAF pour 5 158,44 Francs afin d’assurer la réparation des perforateurs endommagés lors de l'opération.

Sources

  1. compte rendu d'Albert OYHANÇABAL ;
  2. Compte rendu de Jean-François SIEGEL ;
  3. Spéléo Secours Isère 1970-2010 : 40 ans de secours souterrain – Comité départemental de spéléologie de l'Isère